Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/334

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Je vous ai mal connue, et pourtant malgré moi,
Je sentais :, sans savoir bien pourquoi.
Vous voilà, je crois, Reine ; il faut à tout le monde
Faire du bien à tout moment,
À commencer par moi.

CONSTANCE

Si le sort me seconde,
C’est mon projet, du moins.

LEONOR

Eh bien, ma belle enfant,
Madame a des bontés ; quel bien faut — il vous faire ?

SANCHETTE

On dit le Duc de Foix vainqueur ;
Mais je prends peu de part au destin de la guerre ;
Tout cela m’épouvante, et ne m’importe guère ;
J’aime, et c’est tout pour moi.

CONSTANCE

Votre aimable candeur
M’intéresse pour vous ; parlez, soyez sincère.

SANCHETTE

Ah, je suis de très— bonne foi.
J’aime Alamir, Madame, et j’avais sû lui plaire ;
Il devait parler à mon père ;
Il est de mes parents ; il vint ici pour moi.


CONSTANCE

se tournant vers Léonor.

Son parent, Léonor !

SANCHETTE

En écoutant ma plainte,
D’un profond déplaisir votre âme semble atteinte !

CONSTANCE

Il l’aimait !

SANCHETTE

Votre cœur paraît bien agité !

CONSTANCE

Je vous ai donc perdue, illusion flatteuse !

SANCHETTE

Peut — on se voir Princesse, et n’être pas heureuse ?

CONSTANCE

Hélas ! votre simplicité
Croit que dans la grandeur est la félicité ;
Vous vous trompez beaucoup ; ce jour doit vous apprendre
Que dans tous les états, il est des malheureux.