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174 LES SYSTEMES. «f

Exprès pour nous damner forma la race humaine '.

Leibnitz avertissait le Turc et le chrétien Que sans son harmonie - on ne comprendra rien \ Que Dieu, le monde, et nous, tout n'est rien sans monades \

Le courrier des Lapons ^ dans ses turlupinades ^ Veut qu'on aille au détroit où vogua Magellan, Pour se former l'esprit, disséquer un géant. Notre consul Maillet \ non pas consul de Home,

1. Il faut avouer que ce système, qui suppose que l'Etre tout-puissant et tout bon a créé exprès dos millions de milliards d'êtres raisonnables et sensibles, pour on favoriser quelques douzaines, et pour tourmenter tous les autres à tout jamais, paraîtra toujours un peu brutal à quiconque a des mœurs douces. (Note de M. de Morza, 1772.)

2. Variante :

Que dans son liarmonie

3. Notre âme étant simple (car on suppose que son existence et sa simplicité sont prouvées), elle peut résider dans l'étoile du nord ou du petit Chien, et notre corps végéter sur ce globe. L'âme a des idées là-haut, et notre corps fait ici les fonctions correspondantes h ces idées, à peu près comme un homme prêche, tandis qu'un autre fait les gestes; ou plutôt l'âme est l'horloge, et le corps sonne ici les heures. Il y a des gens qui ont étudié cela sérieusement; et l'inventeur de ce sys- tème est celui qui a disputé contre Newton, et qui peut même avoir eu raison sur quelques points. Quant aux monades, tout être physique étant composé doit être un résultat d'êtres simples ; car dire qu'il est fait d'êtres composés, c'est ne rien dire. Des monades sans parties et sans étendue font donc l'étendue et les parties; elles n'ont ni lieu, ni figure, ni mouvement, quoiqu'elles constituent des corps qui ont figure et mouvement dans un lieu.

Chaque monade doit être différente d'une autre, sans quoi ce serait un double emploi. Chaque monade doit avoir du rapport avec toutes les autres, parce qu'il y a entre les corps dont ces monades font l'assemblage une union nécessaire. Ces rap- ports entre ces monades simples, inétendues, ne peuvent être que des idées, dos per- ceptions. Il n'y a pas de raison pour laquelle une monade, ayant des rapports avec une de ses compagnes, n'en ait pas avec toutes. Chaque monade voit donc toutes les autres, et par conséquent est un miroir concentrique de l'univers. 11 y a un pays où cela s'est enseigné dans des écoles à des gens qui avaient de la barbe au men- ton. (Note de M. de Morza, 1772.)

4. Variante :

Tout n'était que monades.

5. Dans l'édition séparée on lit en note : « Moreau de Maupcrtuis. De son vivant on le peignit aplatissant, avec un air d'orgueil, la terre, qu'il semblait mépriser : après sa mort, la piété de sa famille lui a érigé dans l'église de Saint-Roch un petit mausolée. » (B.)

6. On a fait assez connaître l'idée d'aller disséquer des cervelles do Patagons, pour voir la nature de l'âme; d'examiner les songes, pour savoir comment on pense dans la veille; d'enduire les malades de poix résine, pour empêcher l'air de nuire; de creuser un trou jusqu'au centre de la terre, pour voir le feu central. Et ce qu'il y a de déplorable, c'est que ces folies ont causé des querelles et des infortunes. {Note de M. de Morza, 1772.)

7. On connaît aussi le système vraisemblable par lequel la mer a formé les

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