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[2il LA TACTIQUE. 189

Pétrit, pour s'ainusor, du soufre et du salpêtre; ' Ou'iiu énorme boulet, qu'on lance avec fracas. Doit mirer un peu haut pour arriver plus bas; Que d'un tube de bronze aussitôt la mort vole Dans la direction qui fait la parabole', Et renverse, en deux coups prudemment ménagés, Cent automates bleus, à la file rangés. "Mousquet, poignard, épée ou tranchante ou pointue, Tout est bon, tout va bien, tout sert, pourvu (|u'on tue.

L'auteur, bientôt après, peint des voleurs de nuit. Qui, dans un chemin creux, sans tambour et sans bruit, Discrètement chargés de sabres- et d'échelles,

��du haut Palatinat, un canon fondu en 1301, et que cette date est encore gravée sur la culasse.

Et voilà justement comme on écrit l'histoire.

On écrivait et on imprimait à Paris cette erreur avec tant d'assurance que je fis écrire à M. le comte de Holstein de Bavière, gouverneur du pays d'Ambcrg. Il donna un certificat autlicnlique qu'un fondeur de canons, nommé Martin, assez fameux pour son temps, était mort en 1501. On mit un petit canon sur son tombeau, avec la date 1501. Il eut la bonté d'envoyer une copie figurée de l'inscription. Il est étonnant qu'on ait pris 1501 pour 1301; mais les historiens aiment l'antique et le merveilleux.

Je n'ai guère plus do foi à la bombarde de Froissart, qui avait plus de « cinquante pieds do long, et qui menoit si grande noise au dccliquer, qu'il sembloit que tous les diables d'enfer fussent en chemin ». C'était apparemment une espèce de baliste.

Je doute beaucoup encore du registre de du Drach, trésorier dos guerres en 1338: «A Henri Faumechon, pour avoir poudre et autres choses nécessaires aux canons devant Puisguillaume. » Du Cange rapporte ce trait, mais il se borne à le rapporter. Il n'examine point s'il y avait alors des trésoriers des guerres. Il ne s'informe pas si on assiégea un Puisguillaume ou un Puisguilliem dans le Périgord. Il ne paraît pas qu'on ait fait le moindre exploit de guerre en Périgord en l'an 133S. Si l'on entend le petit hameau de Puisguillaume en Bourbonnais, on ne voit pas qu'il eût un château. Il faut donc douter, et c'est presque toujours le seul parti à prendre. Ce qui paraît certain, c'est que trois moines ont contribué à détruire les hommes et les villes par l'artillerie, et en ajoutant à ces trois moines les jésuites Shall et Verbiest, cela fera cinq. (Note de Voltaire, 1775.)

— Dans le troisième alinéa de cette note, Voltaire parle d'un passage de R. Bacon. L'historien désigné au commencement du sixième alinéa estVillaret. Quant au vers cité, il est do Voltaire lui-même (C/tarioi, acte F"", scène vu); voyez tome V du Théâtre, p. 3G0. ( B.)

1. Lorsqu'on tire un boulet, ou qu'on lance une flèche horizontalement, elle tend à décrire une ligne droite; mais la gravitation la fait descendre continuelle- ment dans une autre ligne droite vers le centre de la terre, et de ces deux direc- tions se compose la ligne courbe nommée parabole, à la lettre : allant au delà. Si un canonnier s'occupait de toutes les propriétés de cette ligne courbe, il n'aurait jamais le temps de mettre le feu à son canon. {Note de Voltaire, 1775.)

2. Variante :

De fusils et d'échelles.

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