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Vous donnent perdrix à douzaine,
Poules de Caux, chapons du Maine !
Et pensez à moi quelquefois,
Quand vous mangerez sur la Seine
Des potages à la Brunois.




ÉPÎTRE XI.


À SAMUEL BERNARD[1],
AU NOM DE MADAME DE FONTAINE-MARTEL[2].


C’est mercredi que je soupai chez vous,
Et que, sortant des plaisirs de la table,
Bientôt couchée, un sommeil prompt et doux
Me fit présent d’un songe délectable.
Je rêvai donc qu’au manoir ténébreux
J’étais tombée, et que Pluton lui-même
Me menait voir les héros bienheureux,
Dans un séjour d’une beauté suprême.
Par escadrons ils étaient séparés :
L’un après l’autre il me les fit connaître.
Je vis d’abord modestement parés
Les opulents qui méritaient de l’être.
« Voilà, dit-il, les généreux amis ;
En petit nombre ils viennent me surprendre :
Entre leurs mains les biens ne semblaient mis
Que pour avoir le soin de les répandre.
Ici sont ceux dont les puissants ressorts,
Crédit immense, et sagesse profonde,
Ont soutenu l’État par des efforts
Qui leur livraient tous les trésors du monde.
Un peu plus loin, sur ces riants gazons,
Sont les héros pleins d’un heureux délire,

  1. Quoique cette pièce soit insérée dans l’édition de Kehl, les éditeurs disent avoir de fortes raisons de croire qu’elle n’est pas de Voltaire. (B.)
  2. C’est à cette dame qu’est adressée l’épître xxxvii.