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Qu’importe que mon nom s’efface dans l’oubli ?
L’esprit, le goût s’épure, et l’art est embelli.
Mais ne pardonnons pas à ces folliculaires,
De libelles affreux écrivains téméraires,
Aux stances de La Grange, aux couplets de Rousseau[1],
- Je goûte le plaisir le plus parfait des dieux ;
- Je vais être vengé, Thieste ; quelle joie !
- Ah ! si je vous suis cher, que mon respect extrême
- M’acquitte bien, seigneur, de mon bonheur suprême !
- Mon amitié pour vous, par vos maux consacrée,
- A semblé redoubler par les rigueurs d’Atrée,
- Et bravant, sans respect, et les dieux et son père,
- Son cœur pour eux et lui n’a qu’une foi légère :
- Mais dût tomber sur moi le plus affreux courroux,
- Je ne saurais trahir ce que je sens pour vous.
- Que pour mieux m’obliger à lui percer le flanc,
- De sa fille, au refus, il doit verser le sang
- Et je vais, s’il le faut, aux dépens de ma foi,
- Prouver à vos beaux yeux ce qu’ils peuvent sur moi.
- D’une indigne frayeur je vois ton âme atteinte,
- Thieste ; chasse-s-en les soupçons et la crainte.
- Et je jouis enfin du fruit de mes forfaits.
- Il faut un terme au crime, et non à la vengeance.
- ↑ Les Philippiques de La Grange et les Couplets de Rousseau passèrent assez longtemps pour être écrits avec force et enthousiasme : mais les esprits bien faits et les gens de bon goût ne s’y sont jamais laissé tromper. En effet, ôtez les injures, il ne reste rien. Le succès ne fut dû qu’à la malignité humaine. Mais quel succès qui conduisit La Grange en prison, et le portrait de Rousseau à la Grève !
La Grange était le plus coupable des deux, sans contredit ; mais le duc d’Orléans régent eut encore plus de clémence que La Grange n’avait eu de folie. (Id., 1771.)
L’abbé de Chaulieu disait que la pièce de Rhadamiste aurait été très-claire, n’eût été l’exposition ; mais quoique le premier acte soit un peu obscur, il me semble qu’il y a dan§ les autres de très-grandes beautés. (Note de Voltaire, 1771.)