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POÉSIES MÊLÉES. 469

Que de sucer le sang des malheureux moutons;

Car enfin quelle barbarie! Quels crimes ont commis ces innocents agneaux? Au reste, vous savez qu'il y va de la vie :

D'énormes chiens défendent les troupeaux. Hélas! je m'en souviens, un jour votre grand-père Pour apaiser sa^faim entra dans un hameau. Dès qu'on s'en aperçut : « bête carnassière! « Au loup! » s'écria-t-on ; l'un s'arme d'un boyau. L'autre prend une fourche ; et mon père eut beau faire,

Hélas ! il y laissa sa peau : De sa témérité ce fut là le salaire. Sois sage à ses dépens, ne suis que la vertu, Et ne sois point battant, de peur d'être battu. Si tu maimes, déteste un crime que j'abhorre. » Le petit vit alors dans la gueule du loup De la laine, et du sang qui dégouttait ejicore :

Il se mit à rire à ce coup. <( Comment, petit fripon, dit le loup en colère,

Comment, vous riez des avis

Que vous donne ici votre père! Tu seras un vaurien, va, je te le prédis : Quoi! se moquer déjà d'un conseil salutaire! »

L'autre répondit en riant :

(( Votre exemple est un l)ou garant : Mon père, je ferai ce que je vous vois faire. »

Tel un prédicateur sortant d'un bon repas Monte dévotement en chaire. Et vient, bien fourré, gros, et gras, Prêcher contre la bonne chère.

��o. — ÉPITAPHE'.

Ci-gît qui toujours babilla. Sans avoir jamais rien à dire ; Dans tous les livres farfouilla, Sans avoir jamais pu s'instruire,

1. Laplace, dans son recueil d'épitaphcs, II, 48, dit que cette épitaphe est attri- bée à Voltaire, et qu'elle a été faite pour un M. de Sardières.

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