Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/487

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21. — IMPROMPTU

A MADEMOISELLE DE CHAROLOIS[1]

PEINTE EN HABIT DE CORDELIER.

Frère Ange de Charolois,
Dis-nous par quelle aventure
Le cordon de saint François
Sert à Vénus de ceinture ?

22. — A MADAME DE ***,

EN LUI ENVOYANT LES OEUVRES MYSTIQUES DE FÉNELON.

Quand de la Guion le charmant directeur
Disait au monde: « Aimez Dieu pour lui-même,
Oubliez-vous dans votre heureuse ardeur; n
On ne crut point à cet amour extrême,
On le traita de chimère et d’erreur :
On se trompait; je connais hien mon cœur,
Et c’est ainsi, hellc Églé, qu’il vous aime.

23. — A LA MÊME.

De votre esprit la force est si puissante
Que vous pourriez vous passer de heauté;
De vos attraits la grâce est si piquante,
Que sans esprit vous auriez enchanté.
Si votre cœur ne sait pas comme on aime.
Ces dons charmants sont des dons superflus :

1.

2. M. de Voltaire, sachant qu'on chantait ces vers sur l’air de Robin Turelure, y ajouta, dit-on, d’autres couplets fort plaisants. Ce portrait donna lieu à d’autres plaisanteries; c’était le ton de cette cour. En voici un échantillon :

Beau saint François, ne souffrez pas
Qu’on perce vos mains délicates.
Dites à l’ange : « C’est plus bas
Qu’il faut appliquer les stygmates. » (K.)

  1. Mlle de Charolois était sœur de Mlle de Clermont.