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ANNALES DE L’EMPIRE.

abbés comme grands terriens, comme barons, comtes, princes, eurent de la puissance, et prévalurent souvent dans les élections (les empereurs, jusqu’à ce qu’enfin les sept principaux officiers et chapelains de l’empire s’emparèrent du droit exclusif d’élire l’empereur. Il ne faut pas croire qu’il y ait aucune vérité fondamentale dans la science de l’histoire, comme il en est dans les mathématiques.

Depuis 921 jusqu’à 930. Un des droits des rois de Germanie, comme des rois de France, fut toujours de nommer à tous les évêchés vacants.

L’empereur Henri a une courte guerre avec le duc de Bavière, et la termine en lui cédant ce droit de nommer les évêques dans la Bavière.

Il y a dans ces années peu d’événements qui intéressent le sort de la Germanie. Le plus important est l’affaire de la Lorraine. Il était toujours indécis si elle resterait à l’Allemagne ou à la France.

Henri l’Oiseleur soumet toute la haute et basse Lorraine en 925, et l’enlève au duc Giselbert, à qui les rois de France l’avaient donnée. Il la rend ensuite à ce duc, pour le mettre dans la dépendance de la Germanie. Cette Lorraine n’était plus qu’un démembrement du royaume de Lotharinge. C’était le Brabant, c’était une partie du pays de Liége, disputée ensuite par l’évêque de Liége ; c’étaient les terres entre Metz et la Franche-Comté, disputées aussi par l’évêque de Metz. Ce pays revint après à la France ; il en fut ensuite séparé.

Henri fait des lois plus intéressantes que les événements et les révolutions dont se surcharge l’histoire. Il tire de l’anarchie féodale ce qu’on peut en tirer. Les vassaux, les arrière-vassaux, se soumettent à fournir des milices, et des grains pour les faire subsister. Il change en villes les bourgs dépeuplés que les Huns, les Bohêmes, les Moraves, les Normands, avaient dévastés. Il bâtit Brandebourg, Misnie[1], Slesvick. Il y établit des marquis pour garder les marches de l’Allemagne. Il rétablit les abbayes d’Herford et de Corbie[2], ruinées. Il construit quelques villes, comme Gotha, Herford[3], Goslar.

Les anciens Saxons, les Slaves-Abodrites, les Vandales leurs

  1. Ou Meissen, capitale du margraviat de Misnie.
  2. Ou Corwei, Corbeia nova ; ou Vestphalie, ainsi que l’abbaye d’Herford, Hercordia. (Cl.)
  3. Erfurth, ville située à quelques lieues de Gotha, et capitale de la Thuringe ; voyez année 1164.