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ANNALES DE L’EMPIRE.

dans ces temps-là, il va tenir un concile à Augsbourg, au lieu de poursuivre ses conquêtes. Il y avait des évêques italiens à ce concile : il est vraisemblable qu’il ne le tint que pour disposer les esprits à le recevoir en Italie.

953. Son mariage avec Adélaïde, qui semblait devoir lui assurer l’Italie, semble bientôt la lui faire perdre.

Son fils Ludolphe, auquel il avait donné tant d’États, mais qui craignait qu’Adélaïde, sa belle-mère, ne lui donnât un maître : son gendre Conrad, à qui il avait donné la Lorraine, mais à qui il ôte le commandement d’Italie, conspirent contre lui ; un archevêque de Mayence, un évêque d’Augsbourg, se joignent à son fils et à son gendre : il marche contre son fils ; et au lieu de se faire empereur à Rome, il soutient une guerre civile en Allemagne.

954. Son fils dénaturé appelle les Hongrois à son secours, et on a bien de la peine à les repousser des bords du Rhin et des environs de Cologne, où ils s’avancent.

Othon avait un frère ecclésiastique nommé Brunon ; il le fait élire archevêque de Cologne, et lui donne la Lorraine.

955. Les armes d’Othon prévalent. Ses enfants et les conjurés viennent demander pardon ; l’archevêque de Mayence rentre dans le devoir. Le fils du roi en sort encore. Il vient enfin pieds nus se jeter aux genoux de son père.

Les Hongrois appelés par lui ne demandent point grâce comme lui : ils désolent l’Allemagne. Othon leur livre bataille dans Augsbourg, et les défait. Il paraît qu’il était assez fort pour les battre, non pas assez pour les poursuivre et les détruire, quoique son armée fût composée de légions à peu près selon le modèle des anciennes légions romaines.

Ce que craignait le fils d’Othon arrive. Adélaïde accouche d’un prince : c’est Othon II.

Depuis 956 jusqu’à 960. Les desseins sur Rome se mûrissent, mais les affaires d’Allemagne les empêchent encore d’éclore. Les Slaves et d’autres barbares inondant le nord de l’Allemagne, encore très-mal assurée, malgré tous les soins d’Othon. De petites guerres, vers le Luxembourg et le Hainaut, qui étaient de la Basse-Lorraine, ne laissent pas de l’occuper encore.

Ludolphe, ce fils d’Othon envoyé en Italie contre Bérenger, y meurt ou de maladie, ou de débauche, ou de poison.

Bérenger alors est maître absolu de l’ancien royaume de Lombardie, et non de Rome ; mais il avait nécessairement mille différends avec elle comme les anciens rois lombards.