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ANNALES DE L’EMPIRE.

denier de saint Pierre ; à quoi les rois d’Angleterre s’étaient soumis depuis longtemps.

Ce Gratien, qui prit le nom de Grégoire VI, et qui passe pour s’être conduit sagement, jouissait paisiblement du pontificat, lorsque l’empereur Henri III vint à Rome.

Jamais empereur n’y exerça plus d’autorité. Il déposa Grégoire VI comme simoniaque, et nomma pape Suidger[1], son chancelier, évêque de Bamberg, sans qu’on osât murmurer.

Le chancelier, devenu pape, sacre l’empereur et sa femme, et promet tout ce que les papes ont promis aux empereurs, quand ceux-ci ont été les plus forts.

1047. Henri III donne l’investiture de la Pouille, de la Calabre, et de presque tout le Bénéventin, excepté la ville de Bénévent et son territoire, aux princes normands qui avaient conquis ces pays sur les Grecs et sur les Sarrasins. Les papes ne prétendaient pas alors donner ces États. La ville de Bénévent appartenait encore aux Pandolfes de Toscanelle.

L’empereur repasse en Allemagne, et confère tous les évêchés vacants.

1048. Le duché de la Lorraine Mosellanique est donné à Gérard d’Alsace, et la basse Lorraine à la maison de Luxembourg. La maison d’Alsace, depuis ce temps, n’est connue que sous le titre de marquis et ducs de Lorraine.

Le pape étant mort, on voit encore l’empereur donner un pape à Rome, comme on donnait un autre bénéfice. Henri III envoie un Bavarois nommé Popon, qui sur-le-champ est reconnu pape sous le nom de Damase II.

1049. Damase mort, l’empereur dans l’assemblée de Vorms nomme l’évêque de Toul, Brunon, pape, et l’envoie prendre possession : c’est le pape Léon IX. Il est le premier pape qui ait gardé son évêché avec celui de Rome. Il n’est pas surprenant que les empereurs disposent ainsi du saint-siége. Théodora et Marozie y avaient accoutumé les Romains ; et sans Nicolas II et Grégoire VII, le pontificat eût toujours été dépendant. On leur eût baisé les pieds, et ils eussent été esclaves.

1050-1051-1052. Les Hongrois tuent leur roi Pierre, renoncent à la religion chrétienne, et à l’hommage qu’ils avaient fait à l’empire. Henri III leur fait une guerre malheureuse : il ne peut la finir qu’en donnant sa fille au nouveau roi de Hongrie André, qui était chrétien, quoique ses peuples ne le fussent pas.

  1. Il prit le nom de Clément II.