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ANNALES DE L’EMPIRE.

l’était de Pise et de Florence ; et ce sont ces divisions qui ont perdu à la fin l’Italie.

1173. L’archevêque de Mayence, Christien, réussit habilement à détacher les Vénitiens de la ligue ; mais Milan, Pavie, Florence, Crémone, Parme, Bologne, sont inébranlables, et Rome les soutient.

Pendant ce temps, Frédéric est obligé d’aller apaiser des troubles dans la Bohême. Il y dépossède le roi Ladislas, et donne la régence au fils de ce roi. On ne peut être plus absolu qu’il l’était en Allemagne, et plus faible alors au delà des Alpes.

1174. Il passe enfin le Mont-Cenis. Il assiége cette Alexandrie bâtie pendant son absence, et dont le nom lui était odieux, et commence par faire dire aux habitants que s’ils osent se défendre, on ne pardonnera ni au sexe ni à l’enfance.

1175. Les Alexandrins, secourus par les villes confédérées, sortent sur les Impériaux, et les battent à l’exemple des Milanais. L’empereur, pour comble de disgrâce, est abandonné par Henri le Lion, qui se retire avec ses Saxons, très-indisposé contre Barberousse, qui gardait pour lui les terres de Mathilde.

Il semblait que l’Italie allait être libre pour jamais.

1176. Frédéric reçoit des renforts d’Allemagne. L’archevêque de Mayence est à l’autre bout de l’Italie, dans la marche d’Ancône, avec ses troupes.

La guerre est poussée vivement des deux côtés. L’infanterie milanaise, tout armée de piques, défait toute la gendarmerie impériale. Frédéric[1] échappe à peine, poursuivi par les vainqueurs. Il se cache, et se sauve enfin dans Pavie.

Cette victoire fut le signal de la liberté des Italiens pendant plusieurs années : eux seuls alors purent se nuire.

Le superbe Frédéric prévient enfin et sollicite le pape Alexandre, retiré dès longtemps dans Anagni, craignant également les Romains qui ne voulaient point de maître, et l’empereur qui voulait l’être.

Frédéric lui offre de l’aider à dominer dans Rome, de lui restituer le patrimoine de saint Pierre, et de lui donner une partie des terres de la comtesse Mathilde. On assemble un congrès à Bologne.

1177. Le pape fait transférer le congrès à Venise, où il se rend sur les vaisseaux du roi de Sicile. Les ambassadeurs de Sicile et

  1. Battu à Lignano, le 29 mai 1176. Voltaire raconte ici avec plus de détails que dans l’Essai la lutte de la ligue lombarde contre l’empire.