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ANNALES DE L’EMPIRE.

Le roi des Romains met d’abord dans son parti plusieurs villes le long du Rhin et du Danube. Le duc d’Autriche se déclare en sa faveur. Milan, Bologne, et d’autres villes d’Italie, entrent dans ce parti contre l’empereur.

1235. Frédéric II retourne enfin en Allemagne après quinze ans d’absence. Le marquis de Rade défait les révoltés. Le jeune Henri vient se jeter aux genoux de son père à la grande diète de Mayence. C’est dans ces diètes célèbres, dans ces parlements de princes, présidés par les empereurs en personne, que se traitent toujours les plus importantes affaires de l’Europe avec la plus grande solennité. L’empereur, dans cette mémorable diète de Mayence, dépose son fils Henri, roi des Romains ; et, craignant le sort du faible Louis nommé le Débonnaire, et du courageux et trop facile Henri IV, il condamne son fils rebelle à une prison perpétuelle. Il assure, dans cette diète, le duché de Brunsvick à la maison guelfe, qui le possède encore. Il reçoit solennellement le droit canon, publié par Grégoire IX ; et il fait publier, pour la première fois, des décrets de l’empire en langue allemande, quoiqu’il n’aimât pas cette langue, et qu’il cultivât la romance[1], à laquelle succéda l’italienne.

1236. Il charge le roi de Bohême, le duc de Bavière, et quelques évêques ennemis du duc d’Autriche, de faire la guerre à ce duc, comme vassaux de l’empire, qui en soutiennent les droits contre des rebelles.

Il repasse en Lombardie, mais avec peu de troupes, et par conséquent n’y peut faire aucune expédition utile. Quelques villes, comme Vicence et Vérone, mises au pillage, le rendent plus odieux aux guelfes sans le rendre plus puissant.

1237. Il vient dans l’Autriche défendue par les Hongrois. Il la subjugue, et fonde une université à Vienne. Cependant les papes ont toujours prétendu qu’il n’appartenait qu’à eux d’ériger des universités ; sur quoi on leur a appliqué cet ancien mot d’une farce italienne : « Parce que tu sais lire et écrire, tu te crois plus savant que moi. »

Il confirme les priviléges de quelques villes impériales, comme de Ratisbonne et de Strasbourg ; fait reconnaître son fils Conrad roi des Romains, à la place de Henri ; et enfin, après ces succès en Allemagne, il se croit assez fort pour remplir son grand projet de subjuguer l’Italie. Il y revole, prend Mantoue, défait l’armée des confédérés.

  1. Voltaire écrit toujours langue romance au lieu de langue romane.