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LOUIS V DE BAVIÈRE.

ensuite changea ce surnom en celui de Sage, l’un des frères de ce Frédéric d’Autriche qui avait disputé l’empire, et le seul de tous ses frères par qui la race autrichienne s’est perpétuée, attaque encore en vain les Suisses. Ces peuples, qui n’avaient de bien que leur liberté, la défendent toujours avec courage. Albert est malheureux dans son entreprise, et mérite le nom de Sage en l’abandonnant.

1339. L’empereur Louis ne pense plus qu’à rester tranquille dans Munich, pendant qu’Édouard, roi d’Angleterre, son vicaire, traîne cinquante princes de l’empire à la guerre contre Philippe de Valois, et va conquérir une partie de la France. Mais avant la fin de la campagne, tous ces princes allemands se retirent chez eux ; et Édouard, assisté des Flamands, poursuit ses vues ambitieuses.

1340. L’empereur Louis, qui s’était repenti d’avoir donné le vicariat d’Italie à un roi de Bohême guerrier et puissant, se repent d’avoir donné le vicariat d’Allemagne à un roi plus puissant et plus guerrier. L’empereur était le pensionnaire du vicaire ; et le fier Anglais se conduisant en maître, et payant mal la pension, l’empereur lui ôte ce vicariat, devenu un titre inutile.

L’empereur négocie avec Philippe de Valois. Pendant ce temps l’autorité impériale est absolument anéantie en Italie, malgré la loi perpétuelle de Francfort[1].

Le pape, de son autorité privée, accorde aux deux frères Viscontis le gouvernement de Milan, qu’ils avaient sans lui, et les fait vicaires de l’Église romaine ; ils avaient été auparavant vicaires impériaux.

Le roi Jean de Bohême va à Montpellier pour se guérir, par la salubrité de l’air, d’un mal qui attaquait ses yeux. Il n’en perd pas moins la vue, et il est connu depuis sous le nom de Jean l’Aveugle. Il fait son testament, donne la Bohême et la Silésie à Charles, depuis empereur ; à Jean, la Moravie ; à Venceslas, né de Béatrix de Bourbon, le Luxembourg et les terres qu’il a en France du chef de sa femme.

L’empereur cependant jouit de la gloire de décider en arbitre des querelles de la maison de Danemark. Le duc de Slesvick-Holstein, par cet accommodement, renonce aux prétentions sur le royaume de Danemark : il marie sa sœur au roi Valdemar III, et reste en possession du Jutland.

1341-1342-1343. Louis de Bavière semble ne plus penser à l’Italie, et donne des tournois dans Munich.

  1. Voyez 1338.