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ALBERT II D’AUTRICHE.

et l’aïeul ont été élus, le petit-fils se fait aisément un droit héréditaire.

Le parti des hussites, qu’on nommait les calistins, élit pour roi Casimir, frère du roi de Pologne. Il faut combattre. L’armée de l’empereur, commandée par Albert l’Achille, alors burgrave de Nuremberg, et depuis électeur de Brandebourg, assure par des victoires la couronne de Bohême à Albert II d’Autriche.

Dans une grande diète à Nuremberg, on réforme l’ancien tribunal des austrègues, remède inventé, comme on a vu[1], pour prévenir l’effusion de sang dans les querelles des seigneurs. L’offensé doit nommer trois princes pour arbitres ; ils doivent être approuvés par les états de l’empire, et juger dans l’année.

On divise l’Allemagne en quatre parties, nommées cercles : Bavière, Rhin, Souabe, et Vestphalie. Les terres électorales ne sont pas comprises dans ces quatre cercles, chaque électeur croyant de sa dignité de gouverner son État sans l’assujettir à ce règlement. Chaque cercle a un directeur et un duc ou général, et chaque membre du cercle est taxé à un contingent en hommes ou en argent pour la sûreté publique.

On abolit dans cette diète cette ancienne loi veimique, qui subsistait encore en quelques endroits de la Vestphalie ; loi qui n’en mérite pas le nom, puisque c’était l’opposé de toutes les lois. Elle s’appelait le jugement secret, et consistait à condamner un homme à mort sans qu’il en sût rien. Elle fut instituée, comme nous l’avons vu[2], par Charlemagne contre les Saxons.

Cette manière de juger, qui n’est qu’une manière d’assassiner, a été pratiquée dans plusieurs États, et surtout à Venise, lorsqu’un danger pressant, ou qu’un intérêt d’État supérieur aux lois pouvait servir d’excuse à cette barbarie. Mais le décret de la diète abolit en vain cette loi exécrable : le tribunal secret subsista toujours. Les juges ne cessèrent point de nommer leurs assesseurs, ils osèrent même citer l’empereur Frédéric III. Il n’y a point d’excès à quoi ne puisse se porter une compagnie qui croit n’avoir point de compte à rendre. Cette cour infâme ne fut pleinement détruite que par Maximilien Ier.

1439. D’un côté, le concile de Bâle continue à troubler l’Occident ; de l’autre, les Turcs et les Tartares, qui se disputent l’Orient, portent leurs dévastations aux frontières de la Hongrie.

L’empereur grec, Jean Paléologue II, auquel il ne restait

  1. Page 366, années 1269 à 1272.
  2. Année 792.