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FRÉDÉRIC D’AUTRICHE.

qu’il n’y avait point de loi reconnue que tant de peuples ont été sacrifiés.

Louis XI s’empare d’abord des deux Bourgognes, et, vers les Pays-Bas, de tout ce qu’il peut prendre dans l’Artois et dans le Hainaut.

1478. Un prince d’Orange, de la maison de Châlons en Franche-Comté, tâche de conserver cette province à Marie. Cette princesse se défend dans les Pays-Bas sans que son mari puisse lui fournir des secours d’Allemagne. Maximilien n’était encore que le mari indigent d’une héroïne souveraine. Il presse les princes allemands d’embrasser sa cause. Chacun songeait à la sienne propre. Un landgrave de Hesse[1] enlevait un électeur de Cologne[2], et le retenait en prison. Les chevaliers teutons prenaient Riga en Livonie. Mathias Huniade était prêt de s’accommoder avec Mahomet II.

1479. Enfin Maximilien, aidé des seuls Liégois, se met à la tête des armées de sa femme ; on les appelle les armées flamandes, quoique la Flandre proprement dite, c’est-à-dire le pays depuis Lille jusqu’à Gand, fût en partie aux Français. La princesse Marie eut une armée plus forte que le roi de France.

Maximilien défait les Français à la journée de Guinegaste au mois d’auguste. Cette bataille n’est pas de celles qui décident du sort de toute une guerre.

1480. On négocie. Le pape Sixte IV envoie un légat en Flandre. On fait une trêve de deux années. Où est, pendant tout ce temps, l’empereur Frédéric III ? Il ne fait rien pour son fils ni pendant la guerre ni pendant les négociations ; mais il lui avait donné Marie de Bourgogne, et c’était beaucoup.

1481. Cependant les Turcs assiégent Rhodes ; le fameux grand-maître d’Aubusson, à la tête de ses chevaliers, fait lever le siége au bout de trois mois.

Mais le bacha Acomat aborde dans le royaume de Naples avec cent cinquante galères. Il prend Otrante d’assaut. Tout le royaume est prêt d’être envahi, Rome tremble. L’indolence des princes chrétiens n’échappe à ce torrent que par la mort imprévue de Mahomet II. Et les Turcs abandonnent Otrante.

Accord bizarre de Jean, roi de Danemark et de Suède, avec son frère Frédéric, duc de Holstein. Le roi et le duc doivent gouverner le Holstein, fief de l’empire, et Slesvick, fief du Dane-

  1. Herman. Voyez le catalogue des électeurs de Cologne.
  2. Robert de Bavière. Voyez page 210, ibid.