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ANNALES DE L’EMPIRE.

ou plutôt le cardinal d’Amboise, qui l’assiste dans cette entreprise. Il avait déjà réuni au domaine du saint-siége ce que César Borgia avait pris pour lui. Alexandre VI n’avait, en effet, agi que pour son fils ; mais Jules II conquérait pour Rome.

Le roi titulaire d’Espagne, Philippe, meurt à Burgos. Il nomme, en mourant, Louis XII tuteur de son fils Charles. Ce testament n’est fondé que sur la haine qu’il avait pour Ferdinand, son beau-père ; et malgré la rupture du mariage de madame Claude, il croyait Louis XII beaucoup plus honnête homme que son beau-père Ferdinand le Catholique, monarque très-religieux, mais très-perfide, qui avait trompé tout le monde, surtout ses parents, et particulièrement son gendre.

1507. Chose étrange ! les Pays-Bas, dans cette minorité de Charles, ne veulent point reconnaître l’empereur Maximilien pour régent. Ils disent que Charles est Français, parce qu’il est né à Gand, capitale de la Flandre, dont son père a fait hommage au roi de France. Sur ce prétexte, les dix-sept provinces se gouvernent elles-mêmes pendant dix-huit mois, sans que Maximilien puisse empêcher cet affront. Il n’y avait point alors de pays plus libre sous des maîtres que les Pays-Bas. Il s’en fallait beaucoup que l’Angleterre fût parvenue à ce degré de liberté.

1508. Une guerre contre la maison de Gueldre, chassée depuis longtemps de ses États, et qui, en ayant recouvré une partie, combattait toujours pour l’autre, engage enfin les états à déférer la régence à Maximilien ; et Marguerite d’Autriche, fille chérie de Maximilien, en est déclarée gouvernante.

Maximilien veut enfin essayer si, en se faisant couronner à Rome, il pourra reprendre quelque crédit en Italie. L’entreprise était difficile. Les Vénitiens, devenus plus puissants que jamais, lui déclarent hautement qu’ils l’empêcheront de pénétrer en Italie, s’il y arrive avec une escorte trop grande. Le gouverneur de Milan pour Louis XII se joint aux Vénitiens. Le pape Jules II lui fait dire qu’il lui accorde le titre d’empereur, mais qu’il ne lui conseille pas d’aller à Rome.

Il s’avance jusqu’à Vérone, malgré les Vénitiens, qui n’avaient pas assez tôt gardé les passages. Ils lui tiennent parole, et le forcent à rebrousser à Inspruck.

Le fameux Alviano, général des Vénitiens, défait entièrement la petite armée de l’empereur vers le Trentin. Les Vénitiens s’emparent de presque toute cette province ; et leur flotte prend Trieste, Capo-d’Istria, et d’autres villes. L’Alviano rentre en triomphe dans Venise.