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MAXIMILIEN.

Maximilien alors, pour toute ressource, enjoint par une lettre circulaire à tous les États de l’empire de lui donner le titre d’empereur romain élu, titre que ses successeurs ont toujours pris depuis à leur avénement. L’usage, auparavant, n’accordait le nom d’empereur qu’à ceux qui avaient été couronnés à Rome.

1509. Il s’en fallait bien alors que l’empire existât dans l’Italie. Il n’y avait plus que deux grandes puissances avec beaucoup de petites. Louis XII, d’un côté, maître du Milanais et de Gênes, et ayant une communication libre par la Provence, menaçait le royaume de Naples imprudemment partagé auparavant avec Ferdinand d’Aragon, qui prit tout pour lui avec la perfidie qu’on nomme politique. L’autre puissance nouvelle était Venise, rempart de la chrétienté contre les infidèles; rempart à la vérité éboulé en cent endroits, mais résistant encore par les villes qui lui restaient en Grèce, par les îles de Candie, de Chypre, par la Dalmatie. D’ailleurs elle n’était pas toujours en guerre avec l’empire ottoman ; et elle gagnait beaucoup plus avec les Turcs par son commerce qu’elle n’avait perdu dans ses possessions.

Son domaine en terre ferme commençait à être quelque chose. Les Vénitiens s’étaient emparés, après la mort d’Alexandre VI, de Faenza, de Rimini, de Césène, de quelques territoires du Ferrarois et du duché d’Urbin. Ils avaient Ravenne ; ils justifiaient la plupart de ces acquisitions, parce qu’ayant aidé les maisons dépossédées par Alexandre VI à reprendre leurs domaines, ils en avaient eu ces territoires pour récompense.

Ces républicains possédaient depuis longtemps Padoue, Vérone, Vicence, la marche Trévisane, le Frioul. Ils avaient, vers le Milanais, Bresse et Bergame. François Sforce leur avait donné Crême ; Louis XII leur avait cédé Crémone et la Ghiara d’Adda.

Tout cela ne composait pas dans l’Italie un État si formidable que l’Europe dût y craindre les Vénitiens comme des conquérants. La vraie puissance de Venise était dans le trésor de Saint-Marc. Il y avait alors de quoi soudoyer l’empereur et le roi de France.

Au mois d’avril 1509, Louis XII marche contre les Vénitiens ses anciens alliés, à la tête d’une gendarmerie qui allait à quinze mille chevaux, de douze mille hommes d’infanterie française, et huit mille Suisses. L’empereur avance contre eux du côté de l’Istrie et du Frioul. Jules II, premier pape guerrier, entre à la tête de dix mille hommes dans les villes de la Romagne.

Ferdinand d’Aragon, comme roi de Naples, se déclare aussi contre les Vénitiens, parce qu’ils avaient quelques ports dans le