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ANNALES DE L’EMPIRE.

Les troupes envoyées par le duc de Parme, jointes à celles de son compétiteur, en firent le siége, et Bonn se rendit bientôt.

1584. L’ancien électeur luttait encore contre sa mauvaise fortune. Il lui restait quelques troupes qui furent défaites ; et enfin, n’ayant pu être ni assez habile ni assez heureux pour armer de grands princes en sa faveur, il n’eut d’autre ressource que d’aller vivre à la Haye avec sa femme dans un état au-dessous de la médiocrité, sous la protection du prince d’Orange.

L’intérieur de l’empire resta paisible. Le nouveau calendrier romain fut reçu par les catholiques, La trêve avec les Turcs fut prolongée. C’était à la vérité à la charge d’un tribut, et Rodolphe se croyait encore trop heureux d’acheter la paix d’Amurat III.

1585. L’exemple de Gebhard de Truchsès engage deux évêques à quitter leurs évêchés. L’un est un fils de Guillaume, duc de Clèves, qui renonce à l’évêché de Munster pour se marier ; l’autre est un évêque de Minden, de la maison de Brunsvick.

1586. Le fanatisme délivre Philippe II du prince d’Orange[1], ce que dix ans de guerre n’avaient pu faire. Cet illustre fondateur de la liberté des Provinces-Unies est assassiné par Balthasar Gérard, Franc-Comtois ; il l’avait déjà été auparavant par un nommé Jaurigny[2], Biscayen, mais il était guéri de sa blessure. Salcède avait conspiré contre sa vie, et on observa que Jaurigny et Gérard avaient communié pour se préparer à cette action. Philippe II anoblit tous les descendants de la famille de l’assassin : singulière noblesse ! L’intendant de la Franche-Comté, M. de Vanolles, les a remis à la taille[3].

Maurice, son second fils, succède, à l’âge de dix-huit ans, à Guillaume le Taciturne. C’est lui qui devint le plus célèbre général de l’Europe. Les princes protestants d’Allemagne ne le secoururent pas, quoique ce fût l’intérêt de leur religion ; mais ils envoyèrent des troupes en France au roi de Navarre, qui fut depuis Henri IV. C’est que le parti des calvinistes de France était assez riche pour soudoyer ses troupes, et que Maurice ne l’était pas.

1587. Le prince Maurice continue toujours la guerre dans les Pays-Bas contre Alexandre Farnèse. Il fait quelques levées aux dépens des états chez les protestants d’Allemagne : c’est tout le secours qu’il en tire.

Un nouveau trône s’offrit alors à la maison d’Autriche ; mais

  1. En 1584, dit Voltaire, tome XII, page 471.
  2. Jaureguy.
  3. Voyez tome XII, pages 472-73.