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RODOLPHE II.

cet honneur ne devint qu’une nouvelle preuve du peu de crédit de Rodolphe.

Le roi de Pologne, Étienne Battori, vayvode de Transylvanie, étant mort le 13 décembre 1586, le czar de Russie, Fœdor, se met sur les rangs ; mais il est unanimement refusé. Une faction élit Sigismond, roi de Suède, fils de Jean III et d’une princesse du sang des Jagellons. Une autre faction proclame Maximilien, frère de l’empereur. Tous deux se rendent en Pologne, à la tête de quelques troupes. Maximilien est défait ; il se retire en Silésie, et son compétiteur est couronné.

1588. Maximilien est vaincu une seconde fois par le général de la Pologne, Zamoski. Il est enfermé dans un château auprès de Lublin, et tout ce que fait en sa faveur l’empereur Rodolphe, son frère, c’est de prier Philippe II d’engager le pape Sixte V à écrire en faveur du prisonnier.

1589. Maximilien est enfin élargi, après avoir renoncé au royaume de Pologne. Il voit le roi Sigismond avant de partir. On remarque qu’il ne lui donna point le titre de majesté, parce qu’en Allemagne on ne le donnait qu’à l’empereur.

1590. Le seul événement qui peut regarder l’empire, c’est la guerre des Pays-Bas, qui désole les frontières du côté du Rhin et de la Vestphalie. Les cercles de ces provinces se contentent de s’en plaindre aux deux partis. L’Allemagne était alors dans une langueur que le chef avait communiquée aux membres.

1591. Henri IV, qui avait son royaume de France à conquérir, envoie le vicomte de Turenne en Allemagne négocier des troupes avec les princes protestants : l’empereur s’y oppose en vain ; l’électeur de Saxe Christiern, excité par le vicomte de Turenne, prêta de l’argent et des troupes ; mais il mourut lorsque cette armée était en chemin, et il n’en arriva en France qu’une petite partie. C’est tout ce qui se passait alors de considérable en Allemagne.

1592. La nomination à l’évêché de Strasbourg cause une guerre civile comme à Cologne, mais pour un autre sujet. La ville de Strasbourg était protestante. L’évêque catholique, résidant à Saverne, était mort. Les protestants élisent Jean-George de Brandebourg, luthérien. Les catholiques nomment le cardinal de Lorraine. L’empereur Rodolphe donne en vain l’administration à l’archiduc Ferdinand, l’un de ses frères, avec une commission pour apaiser ce différend. Ni les catholiques ni les protestants ne le reçoivent. Le cardinal de Lorraine soutient son droit avec dix mille hommes. Les cantons de Berne, de Zurich, et de Bâle