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ANNALES DE L’EMPIRE.

de suite en quatre jours, du cinq au neuvième auguste[1], contre le général Merci ; et, vainqueur toutes les trois fois, il se rend maître de tout le pays, de Mayence jusqu’à Landau, pays dont Merci s’était emparé.

Le cardinal Mazarin et le chancelier Oxenstiern, pour se rendre plus maîtres des négociations, suscitent encore un nouvel ennemi à Ferdinand III. Ils encouragent Racoczi, souverain de Transylvanie depuis 1629[2], à lever enfin l’étendard contre Ferdinand. Ils lui ménagent la protection de la Porte. Racoczi ne manquait pas de prétextes, ni même de raisons. Les protestants hongrois persécutés, les priviléges des peuples méprisés, quelques infractions aux anciens traités forment le manifeste de Racoczi, et l’argent de la France lui met les armes à la main.

Pendant ce temps-là même, Torstenson poursuit les Impériaux dans la Franconie : le général Gallas fuit partout devant lui et devant le comte de Kœnigsmarck, qui marchait déjà sur les traces des grands capitaines suédois.

1645. Ferdinand et l’archiduc Léopold, son parent, étaient dans Prague. Torstenson, victorieux, entre dans la Bohême. L’empereur et l’archiduc se réfugient à Vienne.

Torstenson poursuit l’armée impériale à Tahor. Cette armée était commandée par le général Gœuts, et par ce même Jean de Vert racheté de prison. Gœuts est tué, Jean de Vert fuit. C’est une défaite complète.

Le vainqueur marche à Brünn, l’assiége, et Vienne enfin est menacée.

Il y a toujours, dans cette longue suite de désastres, quelque circonstance qui sauve l’empereur. Le siége de Brünn traîne en longueur ; et, au lieu que les Français devaient alors marcher en vainqueurs vers le Danube, et aller donner la main aux Suédois, le vicomte de Turenne, au commencement de sa route, est battu par le général Merci à Mariendal, et se retire dans la Hesse.

Le grand Condé accourt contre Merci, et il a la gloire de réparer la défaite de Turenne par une victoire signalée, dans la même plaine de Nordlingue où les Suédois avaient été vaincus après la mort de Gustave. Turenne contribua autant que Condé au gain de cette bataille meurtrière. Mais plus elle est sanglante des deux

  1. Le P. du Londel, dans ses Fastes des rois de France, 1697, in-8°, dit, page 186, que les combats eurent lieu les 3, 4, 5 et 9. Voyez aussi le chapitre iii du Siècle de Louis XIV.
  2. George Racoczi Ier ne fut élu qu’en 1631 ; mais il est considéré comme successeur de Bethlem-Gabor, mort en novembre 1629. (Cl.)