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FERDINAND III.

hâtèrent de signer ; cette ruse n’était qu’un mensonge, mais la politique est-elle autre chose que l’art de mentir à propos ? Louis XI n’avait-il pas raison quand, son ambassadeur se plaignant que les ministres du duc de Bourgogne mentaient toujours, il lui répondait : Eh ! bête, que ne mens-tu plus qu’eux ?

Dans cet important traité de Vestphalie il ne fut presque point question de l’empire romain. La Suède n’avait d’intérêt à démêler qu’avec le roi d’Allemagne, et non avec le suzerain de l’Italie ; mais la France eut quelques points à régler, sur lesquels Ferdinand ne pouvait transiger que comme empereur. Il s’agissait de Pignerol, de la succession de Mantoue, et du Montferrat : ce sont des fiefs de l’empire. Il fut réglé que le roi de France payerait encore six cent mille livres à monsieur le duc de Mantoue, à la décharge de monsieur le duc de Savoie, moyennant quoi il garderait Pignerol et Casal en pleine souveraineté indépendante de l’empire. Ces possessions ont été perdues depuis pour la France, comme Brême, Verden, et une partie de la Poméranie ont été enlevés à la Suède. Mais le traité de Vestphalie, en ce qui concerne la législation de l’Allemagne, a toujours été réputé et est toujours demeuré inviolable.


TABLEAU DE L’ALLEMAGNE,
DEPUIS LA PAIX DE VESTPHALIE JUSQU’À LA MORT DE FERDINAND III.

Ce chaos du gouvernement allemand ne fut donc bien débrouillé qu’après sept cents ans, à compter du règne de Henri l’Oiseleur ; et avant le temps de Henri il n’avait pas été un gouvernement. Les prérogatives des rois d’Allemagne ne furent restreintes dans des bornes connues, la plupart des droits des électeurs, des princes, de la noblesse immédiate et des villes ne furent fixés et incontestables, que par les traités de Vestphalie. L’Allemagne fut une grande aristocratie, à la tête de laquelle était un roi, à peu près comme en Angleterre, en Suède, en Pologne, et comme anciennement tous les États fondés par les peuples venus du Nord et de l’Orient furent gouvernés. La diète tenait lieu de parlement. Les villes impériales y eurent droit de suffrage pour résoudre la paix et la guerre.

Ces villes impériales jouissent de tous les droits régaliens comme les princes d’Allemagne : elles sont États de l’empire, et non de l’empereur ; elles ne payent pas la moindre imposition, et