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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

du talent, vont présenter de mauvais vers à des princes, inondent le public de leurs brochures, et qui accusent l’ingratitude du siècle, parce qu’ils sont inutiles au monde et à eux-mêmes. Il les avertit que les professions qu’on croit les plus basses sont fort supérieures à celle qu’ils ont embrassée. Mort en 1730.

Valois (Adrien de), né à Paris en 1607, historiographe de France. Ses meilleurs ouvrages sont sa Notice des Gaules, et son Histoire de la première race[1]. Mort en 1692.

Valois (Henri de), frère du précédent, né en 1603. Ses ouvrages sont moins utiles à des Français que ceux de son frère. Mort en 1676.

Varignon (Pierre), né à Caen en 1654 : mathématicien célèbre. Mort en 1722.

Varillas (Antoine), né dans la Marche en 1624, historien plus agréable qu’exact. Mort en 1696.

Vavasseur (François), né dans le Charolais en 1605, jésuite, grand littérateur. Il fit voir le premier que les Grecs et les Romains n’ont jamais connu le style burlesque, qui n’est qu’un reste de barbarie. Mort en 1681.

Vauban (Sébastien Le Prestre, maréchal de), né en 1633. La Dîme royale qu’on lui a imputée n’est pas de lui, mais de Boisguillebert[2]. Elle n’a pu être exécutée, et est en effet impraticable. On a de lui plusieurs Mémoires dignes d’un bon citoyen. Il contribua beaucoup par ses conseils à la construction du canal de Languedoc. Observons qu’il était très-ignorant, qu’il l’avouait avec franchise, mais qu’il ne s’en vantait pas. Un grand courage, un zèle que rien ne rebutait, un talent naturel pour les sciences de combinaisons, de l’opiniâtreté dans le travail, le coup d’œil dans les occasions, qui ne se trouve pas toujours ni avec les connaissances ni avec le talent : telles furent les qualités auxquelles il dut sa réputation. Il a prouvé, par sa conduite, qu’il pouvait y avoir des citoyens dans un gouvernement absolu. Mort en 1707.

Vaugelas (Claude Favre de), né à Bourg-en-Bresse en 1585. C’est un des premiers qui ont épuré et réglé la langue, et de ceux qui pouvaient faire des vers italiens sans en pouvoir faire de français. Il retoucha pendant trente ans sa traduction de Quinte-Curce. Tout homme qui veut bien écrire doit corriger ses ouvrages toute sa vie. Mort en 1650.

  1. Gesta Francorum, 1646-58, trois volumes in-folio.
  2. Vauban est l’auteur du Projet de dixme royale ; cela ne fait plus doute aujourd’hui.