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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

Vergier (Jacques), né à Paris en 1657[1]. Il est, à l’égard de La Fontaine, ce que Campistron est à Racine : imitateur faible, mais naturel. Mort assassiné à Paris par des voleurs, en 1720. On laisse entendre, dans le Moréri, qu’il avait fait une parodie contre un prince puissant qui le fit tuer. Ce conte est faux[2].

Vertot (René Auber de), né en Normandie[3] en 1655. Historien agréable et élégant. Mort en 1735.

Villars (le maréchal, Louis-Claude duc de), né en 1652. Le premier tome des Mémoires qui portent son nom est entièrement de lui[4]. Il savait par cœur les beaux endroits de Corneille, de Racine, et de Molière. Je lui ai entendu dire un jour à un homme d’État fort célèbre, qui était étonné qu’il sût tant de vers de comédie : « J’en ai moins joué que vous, mais j’en sais davantage. Mort en 1731.

Villedieu[5] (Marie-Catherine Desjardins, plus connue sous le nom de Mme de). Ses romans lui firent de la réputation. Au reste, on est bien éloigné de vouloir donner ici quelque prix à tous ces romans dont la France a été et est encore inondée ; ils ont presque tous été, excepté Zaïde, des productions d’esprits faibles qui écrivent avec facilité des choses indignes d’être lues par les esprits solides ; ils sont même pour la plupart dénués d’imagination, et il y en a plus dans quatre pages de l’Arioste que dans tous ces insipides écrits qui gâtent le goût des jeunes gens. Née à Alençon vers 1640. Morte en 1683.

Villiers (Pierre de), né à Cognac en 1648, jésuite. Il cultiva les lettres, comme tous ceux qui sont sortis de cet ordre. Ses sermons, et son Poëme sur l’art de prêcher, eurent de son temps quelque réputation. Ses stances sur la solitude sont fort au-dessus de celles de Saint-Amant, qu’on avait tant vantées, mais ne sont pas encore tout à fait dignes d’un siècle si au-dessus de celui de Saint-Amant[6]. Mort en 1728.

  1. Vergier est né à Lyon, le 3 janvier 1655.
  2. Vergier n’est pas l’auteur de la parodie d’une scène de Mithridate, dirigée contre le prince de Condé, que la calomnie accusa d’avoir fait assassiner Vergier. Ce furent des voleurs de la bande de Cartouche qui assassinèrent Vergier, dans l’intention de le voler.
  3. Au château de Bernetot, arrondissement d’Yvetot.
  4. Les Mémoires du duc de Villars, maréchal de France, 1734, trois volumes in-12, ont été publiés par l’abbé Margon, qui fabriqua les deux derniers volumes ; c’est le même qui, trois ans après, donna les faux Mémoires de Berwick ; voyez p. 14.
  5. Née en 1632, à Alençon.
  6. Marc-Antoine-Gérard, sieur de Saint-Amant, né à Rouen en 1594, ne mourut qu’en 1660, la dix-septième année du règne de Louis XIV, alors âgé de vingt-deux ans.