Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome15.djvu/200

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les querelles naissantes de l’Espagne et de l’Angleterre pour le commerce de l’Amérique. La cour de France continua d’être regardée comme l’arbitre de l’Europe.

L’empereur faisait la guerre aux Turcs sans consulter l’Empire ; cette guerre fut malheureuse : Louis XV le tira de ce précipice par sa médiation ; et M. de Villeneuve, son ambassadeur à la porte ottomane, alla en Hongrie conclure en 1739, avec le grand-vizir, la paix dont l’empereur avait besoin.

Presque dans le même temps le nom seul de Louis XV[1] pacifiait l’État de Gênes menacé d’une guerre civile ; il soumit et adoucit pour un temps les Corses, qui avaient secoué le joug de Gênes. Le même ministère étendait ses soins sur Genève, et apaisait une guerre civile élevée dans ses murs.

Il interposait surtout ses bons offices entre l’Espagne et l’Angleterre, qui commençaient à se faire sur mer une guerre plus ruineuse que les droits qu’elles se disputaient n’étaient avantageux. On avait vu le même gouvernement, en 1735, employer sa médiation entre l’Espagne et le Portugal : aucun voisin n’avait à se plaindre de la France, et toutes les nations la regardaient comme leur médiatrice et leur mère commune, Cette gloire et cette félicité ne furent pas de longue durée.


CHAPITRE V.

MORT DE L’EMPEREUR CHARLES VI. LA SUCCESSION DE LA MAISON D’AUTRICHE DISPUTÉE PAR QUATRE PUISSANCES. LA REINE DE HONGRIE RECONNUE DANS TOUS LES ÉTATS DE SON PÈRE. LA SILÉSIE PRISE PAR LE ROI DE PRUSSE.


L’empereur Charles VI mourut au mois d’octobre[2] 1740, à l’âge de cinquante-cinq ans. Si la mort du roi de Pologne Auguste II avait causé de grands mouvements, celle de Charles VI, dernier prince de la maison d’Autriche, devait entraîner bien

  1. Toutes les éditions portent : « Presque dans le même temps il pacifiait, etc. » Voyez l’Avertissement de Beuchot.
  2. Le 20 octobre, d’une indigestion de champignons.