Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome15.djvu/234

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l’autre, et des deux côtés on épuisait toutes les ressources de la politique et de la guerre.

Le maréchal Schmettau vint de la part du roi de Prusse annoncer au roi que son nouvel allié marchait à Prague avec quatre-vingt mille hommes, et qu’il en faisait avancer vingt-deux mille en Moravie. Cette puissante diversion en Allemagne, les conquêtes du roi en Flandre, sa marche en Alsace, dissipaient toutes les alarmes, lorsqu’on en éprouva une d’une autre espèce, qui fit trembler et frémir toute la France.


CHAPITRE XII.

LE ROI DE FRANCE EST À L’EXTRÉMITÉ. DÈS QU’IL EST GUÉRI IL MARCHE EN ALLEMAGNE ; IL VA ASSIÉGER FRIBOURG, TANDIS QUE L’ARMÉE AUTRICHIENNE, QUI AVAIT PÉNÉTRÉ EN ALSACE, VA DÉLIVRER LA BOHÊME, ET QUE LE PRINCE DE CONTI GAGNE UNE BATAILLE EN ITALIE.


Le jour qu’on chantait dans Metz un Te Deum pour la prise de Château-Dauphin, le roi ressentit des mouvements de fièvre ; c’était le 8 d’auguste (1744[1]) La maladie augmenta ; elle prit le caractère d’une fièvre qu’on appelle putride ou maligne, et dès la nuit du 14 il était à l’extrémité. Son tempérament était robuste et fortifié par l’exercice ; mais les meilleures constitutions sont celles qui succombent le plus souvent à ces maladies, par cela même qu’elles ont la force d’en soutenir les premières atteintes, et d’accumuler, pendant plusieurs jours, les principes d’un mal auquel elles résistent dans les commencements. Cet événement porta la crainte et la désolation de ville en ville ; les peuples accouraient de tous les environs de Metz ; les chemins étaient remplis d’hommes de tous états et de tout âge, qui, par leurs différents rapports, augmentaient leur commune inquiétude.

Le danger du roi se répand dans Paris au milieu de la nuit :

  1. Les éditions de Kehl, toutes celles qui les ont précédées, et presque toutes celles qui les ont suivies, portent 1745 : ce qui n’est qu’une faute d’impression ; voyez le Mercure, août 1744, pages 1891 et 1894, et le Journal du règne de Louis XV. (B.)