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CHAPITRE XXIII.


députés des états généraux qu’on devait tenir à Orléans, ni aucun parlement du royaume.

François II, son fils, mourut le 5 décembre, âgé de dix-sept ans et dix mois ; son frère, Charles IX, n’avait que dix ans et demi. Catherine de Médicis sembla maîtresse absolue les premiers jours de ce règne. Elle tira le prince de Condé de prison de sa seule autorité : ce prince et le duc de Guise se réconcilièrent et s’embrassèrent en sa présence, avec la résolution déterminée de se détruire l’un l’autre ; et bientôt s’ouvrit la carrière des plus horribles excès où l’esprit de faction, la superstition, l’ignorance revêtue du nom de théologie, le fanatisme et la démence, aient jamais porté les hommes.

Pendant que François II touchait à sa fin, le parlement de Paris réprima, autant qu’il le put, par un arrêt authentique, des maximes ultramontaines capables d’augmenter encore les troubles de l’État. Les aspirants au doctorat soutiennent en Sorbonne des thèses théologiques, ignorées pour l’ordinaire du reste du monde ; mais alors elles excitaient l’attention publique. On soutint dans une de ces thèses que « le pape, souverain monarque de l’Église, peut dépouiller de leurs royaumes les princes rebelles à ses décrets ». Le chancelier de L’Hospital envoya des lettres patentes au président Christophe de Thou, et à deux conseillers, pour informer sur cette thèse aussi criminelle qu’absurde. Tanquerel, qui l’avait soutenue, s’enfuit. Le parlement rendit un arrêt par lequel la Sorbonne assemblée abjurerait l’erreur de Tanquerel. Le docteur Ledoust demanda pardon pour Tanquerel au nom de la Sorbonne, le 12 décembre 1560. On eut dans la suite des maximes plus affreuses à réfuter.



CHAPITRE XXIII.


DES PREMIERS TROUBLES SOUS LA RÉGENCE DE CATHERINE DE MÉDICIS.


Dès que le faible François II eut fini son inutile vie, Catherine Medici, que nous nommons de Médicis, assembla les états dans Orléans, le 13 décembre 1560. Le parlement de Paris ni aucun autre n’y envoyèrent de députés. À peine, dans ces états, parla-