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CHAPITRE XXVII.


Clermont, et leur légua trente-six mille écus par son testament.

Ils se mirent aussitôt à enseigner. L’université de Paris s’opposa à cette nouveauté, en 1554. L’évêque Eustache du Bellai, à qui le parlement renvoya les plaintes de l’université, déclara que l’institut était contraire aux lois et dangereux à l’État. Le cardinal de Lorraine, qui les protégeait, obtint, le 25 avril 1560, des lettres de François II au parlement de Paris, portant ordre d’enregistrer la bulle du pape et la patente du roi qui établissaient les jésuites. Le parlement, au lieu d’enregistrer les lettres, renvoya l’affaire à l’assemblée de l’Église gallicane. C’était précisément dans le temps du colloque de Poissy. Les prélats qui y étaient assemblés en grand nombre approuvèrent l’institut sous le nom de Société, et non d’ordre religieux, à condition qu’ils prendraient un autre nom que celui de jésuites.

L’université alors leur intenta procès au parlement, après avoir consulté le célèbre Charles Dumoulin. Pierre Versoris plaida pour eux ; le savant Étienne Pasquier, pour l’université (5 avril 1562). Le parlement rendit un arrêt par lequel, en se remettant à délibérer plus amplement sur leur institut, il leur permettait par provision d’enseigner la jeunesse[1].

Tel fut leur établissement, telle fut l’origine de toutes les querelles qu’ils essuyèrent et qu’ils suscitèrent depuis, et qui enfin les ont chassés du royaume.



CHAPITRE XXVII.


DU CHANCELIER DE L'HOSPITAL, ET DE SES LOIS.


L’introduction des jésuites en France ne servit pas à éteindre les feux que la religion avait allumés. Ils étaient, par un vœu particulier, dévoués aux ordres du pape ; et, l’Espagne étant le berceau de leur institut, les premiers jésuites établis à Paris furent les émissaires de Philippe II, qui fondait une partie de sa grandeur sur les misères de la France.

  1. Le président Hénault dit qu’ils n’ouvrirent leur collége qu’en 1574. Cette méprise est peu importante. (Note de Voltaire.)