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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome16.djvu/316

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HISTOIRE DE CHARLES XII.
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qu’il commandait en Poméranie, et partit avec le baron Sparre, qui a été depuis ambassadeur en Angleterre et en France, et avec un autre colonel. Il prend le nom d’un Français, nommé Haran, alors major au service de Suède, et qui est mort depuis commandant de Dantzick. Il côtoie toute l’armée des ennemis ; arrêté plusieurs fois et relâché sur un passe-port obtenu au nom de Haran, il arrive enfin, après bien des périls, aux frontières de Turquie.

Quand il est arrivé en Moldavie, il renvoie à son armée le baron Sparre, entre dans Yassi, capitale de la Moldavie, se croyant en sûreté dans un pays où le roi de Suède avait été si respecté : il était bien loin de soupçonner ce qui se passait alors.

On lui demande qui il est : il se dit major d’un régiment au service de Charles XII. On l’arrête à ce seul nom ; il est mené devant le hospodar de Moldavie, qui, sachant déjà par les gazettes que Stanislas s’était éclipsé de son armée, concevait quelques soupçons de la vérité. On lui avait dépeint la figure du roi, très-aisé à reconnaître à un visage plein et aimable, et à un air de douceur assez rare.

Le hospodar l’interrogea, lui fit beaucoup de questions captieuses, et enfin il lui demanda quel emploi il avait dans l’armée suédoise. Stanislas et le hospodar parlaient latin. Major sum, lui dit Stanislas. — Imo maximus es, lui répondit le Moldave ; et aussitôt, lui présentant un fauteuil, il le traita en roi ; mais aussi il le traita en roi prisonnier, et on fit une garde exacte autour d’un couvent grec dans lequel il fut obligé de rester jusqu’à ce qu’on eût des ordres du sultan. Les ordres vinrent de le conduire à Bender, dont on faisait partir Charles.

La nouvelle en vint au bacha dans le temps qu’il accompagnait le chariot du roi de Suède. Le bacha le dit à Fabrice : celui-ci, s’approchant du chariot de Charles XII, lui apprit qu’il n’était pas le seul roi prisonnier entre les mains des Turcs, et que Stanislas était à quelques milles de lui, conduit par des soldats. « Courez à lui, mon cher Fabrice, lui dit Charles sans se déconcerter d’un tel accident ; dites-lui bien qu’il ne fasse jamais de paix avec le roi Auguste, et assurez-le que dans peu nos affaires changeront. » Telle était l’inflexibilité de Charles dans ses opinions que, tout abandonné qu’il était en Pologne, tout poursuivi dans ses propres États, tout captif dans une litière turque, conduit prisonnier sans savoir où on le menait, il comptait encore sur sa fortune, et espérait toujours un secours de cent mille hommes de la Porte Ottomane. Fabrice courut