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LIVRE SEPTIÈME.


Auguste ; gloire aussi flatteuse peut-être que d’y avoir fait un roi. Cet éclat et toute la fortune de Charles avaient passé au czar ; il en jouissait même plus utilement que n’avait fait son rival, car il faisait servir tous ses succès à l’avantage de son pays. S’il prenait une ville, les principaux artisans allaient porter à Pétersbourg leur industrie : il transportait en Moscovie les manufactures, les arts, les sciences des provinces conquises sur la Suède ; ses États s’enrichissaient par ses victoires, ce qui, de tous les conquérants, le rendait le plus excusable.

La Suède, au contraire, privée de presque toutes ses provinces au delà de la mer, n’avait plus ni commerce, ni argent, ni crédit. Ses vieilles troupes, si redoutables, avaient péri dans les batailles, ou de misère. Plus de cent mille Suédois étaient esclaves dans les vastes États du czar, et presque autant avaient été vendus aux Turcs et aux Tartares. L’espèce d’hommes manquait sensiblement ; mais l’espérance renaquit dès qu’on sut le roi à Stralsund.

Les impressions de respect et d’admiration pour lui étaient encore si fortes dans l’esprit de ses sujets que la jeunesse des campagnes se présenta en foule pour s’enrôler, quoique les terres n’eussent pas assez de mains pour les cultiver.

FIN DU LIVRE SEPTIÈME.