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PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I.


possédé l’Estonie depuis que le pays se fut mis sous la protection de la Suède, en 1561 ; et c’est encore une des conquêtes de Pierre.

Au bord de l’Estonie est le golfe de Finlande. C’est à l’orient de cette mer, et à l’embouchure de la Neva et du lac Ladoga, qu’est la ville de Pétersbourg, la plus nouvelle et la plus belle ville de l’empire, bâtie par le czar Pierre, malgré tous les obstacles réunis qui s’opposaient à sa fondation.

Elle s’élève sur le golfe de Cronstadt, au milieu de neuf bras de rivières qui divisent ses quartiers ; un château occupe le centre de la ville, dans une île formée par le grand cours de la Neva : sept canaux tirés des rivières baignent les murs d’un palais, ceux de l’amirauté, du chantier des galères, et plusieurs manufactures. Trente-cinq grandes églises sont autant d’ornements à la ville ; et parmi ces églises il y en a cinq pour les étrangers, soit catholiques romains, soit réformés, soit luthériens : ce sont cinq temples élevés à la tolérance, et autant d’exemples donnés aux autres nations. Il y a cinq palais ; l’ancien, que l’on nomme celui d’été, situé sur la rivière de Neva, est bordé d’une balustrade immense de belles pierres tout le long du rivage. Le nouveau palais d’été, près de la porte triomphale, est un des plus beaux morceaux d’architecture qui soient en Europe ; les bâtiments élevés pour l’amirauté, pour le corps des cadets, pour les colléges impériaux, pour l’académie des sciences, la bourse, le magasin des marchandises, celui des galères, sont autant de monuments magnifiques. La maison de la police ; celle de la pharmacie publique, où tous les vases sont de porcelaine ; le magasin pour la cour, la fonderie, l’arsenal, les ponts, les marchés, les places, les casernes pour la garde à cheval et pour les gardes à pied, contribuent à l’embellissement de la ville autant qu’à sa sûreté. On y compte actuellement quatre cent mille âmes. Aux environs de la ville sont des maisons de plaisance dont la magnificence étonne les voyageurs : il y en a une dont les jets d’eau sont très-supérieurs à ceux de Versailles. Il n’y avait rien en 1702 : c’était un marais impraticable. Pétersbourg est regardé comme la capitale de l’Ingrie, petite province conquise par Pierre Ier ; Vibourg, conquis par lui, et la partie de la Finlande perdue et cédée par la Suède en 1742, sont un autre gouvernement.

ARCHANGEL.

Plus haut, en montant au nord, est la province d’Archangel, pays entièrement nouveau pour les nations méridionales de l’Eu-