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DU PARLEMENT, DES CONVULSIONS, ETC.


N’en connais-tu pas l’arrogance ?
Mais non, je ne vois plus dans tes mains la balance ;
Pourquoi devant tes yeux gardes-tu ton bandeau ?

Le parlement d’Aix fit brûler l’instruction pastorale et la chanson et le cardinal Fleury eut la sagesse de faire exiler l’auteur.

L’année 1733 se passa en mandements d’évêques, en arrêté du parlement, et en convulsions. Le gouvernement avait déjà fait fermer le cimetière de Saint-Médard, avec défense d’y faire aucun miracle[1]. Mais les convulsionnaires allaient danser secrètement dans les maisons, et même chez plusieurs membres du parlement.

Le cardinal, prévoyant qu’on allait soutenir une guerre contre la maison d’Autriche, ne voulut pas en avoir une intestine pour des intérêts si méprisables. Il laissa là pour cette fois la bulle, les convulsions, les miracles et les mandements. Il savait plier, il rappela les exilés. Le parlement, qui avait déjà repris les fonctions de son devoir, rendit la justice aux citoyens comme à l’ordinaire. Le cardinal eut l’adresse de lui renvoyer, par des lettres patentes du roi, la connaissance des miracles et des convulsions. Il n’était besoin d’aucunes lettres patentes pour que le parlement connût de ces farces, qui sont un objet de police. Cependant il fut si flatté de cette marque d’attention qu’il décréta quelques convulsionnaires, quoiqu’ils fussent protégés ouvertement par un président nommé Dubois, et par quelques conseillers qui jouaient eux-mêmes dans ces comédies. Le bruit que faisaient toutes ces sottises fut étouffé par la guerre de 1733, et cet objet fit disparaître tous les autres.



CHAPITRE LXV.

DU PARLEMENT, DES CONVULSIONS, DES FOLIES DE PARIS JUSQU’À 1752.

Le parlement fut donc tranquille pendant cette guerre heureuse. À peine le public s’aperçut-il que l’on condamna des thèses

  1. Voyez le distique qui fut fait dans le temps, à l’article Convulsions du Dictionnaire philosophique.