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ANGE.

servi de monture à l’entrée dans Jérusalem ; on fit de magnifiques funérailles à l’âne. La fête de Vérone s’établit ; elle passa de Vérone dans les autres pays ; elle fut surtout célébrée en France ; on chanta la prose de l’âne à la messe.

Orientis partibus
Adventavit asinus
Pulcher et fortissimus.

Une fille représentant la sainte Vierge allant en Égypte montait sur un âne, et, tenant un enfant entre ses bras, conduisait une longue procession. Le prêtre, à la fin de la messe[1], au lieu de dire : Ite, missa est, se mettait à braire trois fois de toute sa force ; et le peuple répondait en chœur.

Nous avons des livres sur la fête de l’âne et sur celle des fous[2] ; ils peuvent servir à l’histoire universelle de l’esprit humain.

ANGE.


SECTION PREMIÈRE[3].


Anges des Indiens, des Perses, etc.


L’auteur de l’article Ange, dans l’Encyclopédie, dit que « toutes les religions ont admis l’existence des anges, quoique la raison naturelle ne la démontre pas ».

Nous n’avons point d’autre raison que la naturelle. Ce qui est surnaturel est au-dessus de la raison. Il fallait dire (si je ne me trompe) que plusieurs religions, et non pas toutes, ont reconnu des anges. Celle de Numa, celle du sabisme, celle des druides, celle de la Chine, celle des Scythes, celle des anciens Phéniciens et des anciens Égyptiens, n’admirent point les anges.

Nous entendons par ce mot, des ministres de Dieu, des députés, des êtres mitoyens entre Dieu et les hommes, envoyés pour nous signifier ses ordres.

  1. Voyez Ducange, et l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations, chapitre xlv et lxxxii, et ci-après l’article Kalendes. (Note de Voltaire.)
  2. On attribue les proses de l’office de la fête des fous à P. de Corbeil, mort en 1222, archevêque de Sens. (B.
  3. Questions sur l’Encyclopédie, première partie, 1770. L’article était composé de cette seule section. (B.)