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ARTS, BEAUX-ARTS.

Riga à Usbeck, imitées du Siamois de Dufresny[1], et que les détails de ce qui se passe dans le sérail d’Usbeck à Ispahan.

Nous parlerons plus amplement de ces injustices trop fréquentes, à l’article Critique.

ARTS, BEAUX-ARTS[2].


(Article dédié au roi de Prusse.)


Sire,

La petite société d’amateurs dont une partie travaille à ces rapsodies au mont Crapack ne parlera point à Votre Majesté de l’art de la guerre. C’est un art héroïque, ou si l’on veut, abominable. S’il avait de la beauté, nous vous dirions, sans être contredits, que vous êtes le plus bel homme de l’Europe.

Nous entendons par beaux-arts l’éloquence, dans laquelle vous vous êtes signalé en étant l’historien de votre patrie, et le seul historien brandebourgeois qu’on ait jamais lu ; la poésie, qui a fait vos amusements et votre gloire quand vous avez bien voulu composer des vers français ; la musique, où vous avez réussi au point que nous doutons fort que Ptolémée Auletès eût jamais osé jouer de la flûte après vous, ni Achille de la lyre.

Ensuite viennent les arts où l’esprit et la main sont presque également nécessaires, comme la sculpture, la peinture, tous les ouvrages dépendants du dessin, et surtout l’horlogerie, que nous regardons comme un bel art depuis que nous en avons établi des manufactures au mont Crapack.

Vous connaissez, sire, les quatre siècles des arts ; presque tout naquit en France et se perfectionna sous Louis XIV ; ensuite plusieurs de ces mêmes arts, exilés de France, allèrent embellir et enrichir le reste de l’Europe au temps fatal de la destruction du célèbre édit de Henri IV, énoncé irrévocable, et si facilement révoqué. Ainsi le plus grand mal que Louis XIV pût se faire à lui-même fit le bien des autres princes contre son intention ; et ce que vous en avez dit dans votre histoire du Brandebourg en est une preuve.

  1. Voyez une note sur la seconde des Honnêtetés littéraires (Mélanges, année 1767).
  2. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)