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ACTE V, SCÈNE III.
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Icare.

Jamais ; et le trépas vous a ravi peut-être
Le seul qui vous eût dit quel sang vous a fait naître.
Mais longtemps de ses traits mon esprit occupé
De son image encore est tellement frappé
Que je le connaîtrais s’il venait à paraître.

Œdipe.

Malheureux ! Eh ! Pourquoi chercher à le connaître ?
Je devrais bien plutôt, d’accord avec les dieux,
Chérir l’heureux bandeau qui me couvre les yeux.
J’entrevois mon destin ; ces recherches cruelles
Ne me découvriront que des horreurs nouvelles.
Je le sais ; mais, malgré les maux que je prévois,
Un désir curieux m’entraîne loin de moi.
Je ne puis demeurer dans cette incertitude ;
Le doute en mon malheur est un tourment trop rude ;
J’abhorre le flambeau dont je veux m’éclairer ;
Je crains de me connaître, et ne puis m’ignorer.


Scène III.

ŒDIPE, ICARE, PHORBAS.
Œdipe.

Ah ! Phorbas, approchez !

Icare.

Ah ! Phorbas, approchez !Ma surprise est extrême :
Plus je le vois, et plus… ah !
Seigneur, c’est lui-même ;
C’est lui.

Phorbas, à Icare.

C’est lui.Pardonnez-moi si vos traits inconnus…

Icare.

Quoi ! Du mont Cithéron ne vous souvient-il plus ?

Phorbas.

Comment ?

Icare.

CommQuoi ! Cet enfant qu’en mes mains vous remîtes ;
Cet enfant qu’au trépas…

Phorbas.

Cet enfant qu’au tAh ! Qu’est-ce que vous dites ?
Et de quel souvenir venez-vous m’accabler ?