Croyez-moi, son retour en resserre les noeuds ;
Et ses trompeurs appas sont toujours dangereux.
Oui ; mais cette âme altière, à soi-même inhumaine,
Toujours de son époux a recherché la haine :
Elle l'irritera par de nouveaux dédains,
Et vous rendra les traits qui tombent de vos mains.
La paix n'habite point entre deux caractères
Que le ciel a formés l'un à l'autre contraires.
Hérode, en tous les temps sombre, chagrin, jaloux,
Contre son amour même aura besoin de vous.
Mariamne l'emporte, et je suis confondue.
Au trône d'Ascalon vous êtes attendue ;
Une retraite illustre, une nouvelle cour,
Un hymen préparé par les mains de l'amour,
Vous mettront aisément à l'abri des tempêtes
Qui pourraient dans Solime éclater sur nos têtes.
Sohême est d'Ascalon paisible souverain,
Reconnu, protégé par le peuple romain,
Indépendant d'Hérode, et cher à sa province ;
Il sait penser en sage et gouverner en prince :
Je n'aperçois pour vous que des destins meilleurs ;
Vous gouvernez Hérode, ou vous régnez ailleurs.
Ah ! connais mon malheur et mon ignominie
Mariamne en tout temps empoisonne ma vie ;
Elle m'enlève tout rang, dignités, crédit ;
Et pour elle, en un mot, Sohême me trahit.
Lui, qui pour cet hymen attendait votre frère !
Lui, dont l'esprit rigide et la sagesse austère
Parut tant mépriser ces folles passions,
De nos vains courtisans vaines illusions !
Au roi son allié ferait-il cette offense ?
Croyez qu'avec la reine il est d'intelligence.
Le sang et l'amitié les unissent tous deux ;
Mais je n'ai jamais vu...