Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/463

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LE COMTE.

Holà ! page, des lumières.

LA COMTESSE.

Vous allez être bien surpris.

LE COMTE.

Je vais être charmé… Juste ciel ! c’est ma femme !

LA COMTESSE, à part.

C’est déjà beaucoup qu’il m’appelle de ce nom : c’est pour la première fois de sa vie.

LE COMTE.

Est-il possible que ce soit vous ?

LA COMTESSE.

Voyez si vous êtes honnête homme, et si vous tiendrez vos promesses.

LE COMTE.

Vous avez touché mon cœur : vos bontés l’emportent sur mes défauts. On ne se corrige pas tout d’un coup : je vivrai avec vous en bourgeois ; je vous aimerai ; mais qu’on n’en sache rien, s’il vous plaît.


Scène X.

FANCHON, arrivant tout essoufflée ;
LE PRÉSIDENT, LA PRÉSIDENTE, M. DU CAP-VERT,
LE CHEVALIER, LE COMTE, LA COMTESSE.
FANCHON.

Au secours ! au secours contre des parents et un mari ! Monsieur le comte, rendez-moi service à votre tour.

M. DU CAP-VERT.

Eh bien ! est-on prêt à démarrer ?

LE PRÉSIDENT.

Allons, ma petite fille, point de façon : voici l’heure de l’année la plus favorable pour un mariage.

FANCHON.

Voici l’heure la plus triste de ma vie.

LA PRÉSIDENTE.

Ma fille, il faut avaler la pilule.

FANCHON, se jetant à genoux.

Mon père, encore une fois…