Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/464

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M. DU CAP-VERT.

Levez-vous ; vous remercierez votre père après.

FANCHON.

Ma chère mère…

LA PRÉSIDENTE.

Vous voilà bien malade !

FANCHON.

Mon cher monsieur le comte…

LE COMTE.

Je vois bien qu’il vous faut tirer d’intrigue… Mons de l’Étrier, amenez un peu cette dame… Mons le marin, je crois qu’on va mettre quelque opposition à vos bans.


Scène XI.

MADAME DU CAP-VERT, les précédents.
MADAME DU CAP-VERT.

Eh ! mon petit mari, te voilà, infâme, bigame, polygame ! je vais te faire pendre, mon cher cœur.

M. DU CAP-VERT.

Sainte-barbe ! c’est ma femme ! quoi ! tu n’es pas morte il y a vingt ans ?

MADAME DU CAP-VERT.

Non, mon bijou ; il y a vingt ans que je te guettais. Embrasse-moi, fripon, embrasse-moi : il vaut mieux tard que jamais.

LE PRÉSIDENT.

Ouoi ! c’est là madame du Cap-Vert, que j’ai enterrée dans toutes les règles !

MADAME DU CAP-VERT.

Tes règles ne valent pas le diable, ni toi non plus. Mon mari, il est temps d’être sage : tu as assez couru le monde, et moi aussi. Tu seras heureux avec moi ; quitte cette petite morveuse-là.

M. DU CAP-VERT.

Mais de quoi t’avises-tu de n’être pas morte ?

LE PRÉSIDENT.

Je croyais cela démontré.

FANCHON, à Madame du Cap-Vert.

Ma chère dame, embrassez-moi. Mon Dieu ! que je suis aise de vous voir !