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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/465

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LE CHEVALIER.

Ma bonne dame du Cap-Vert, vous ne pouviez venir plus à propos ; je vous en remercie.

MADAME DU CAP-VERT.

Voilà un assez aimable garçon. (À M. du Cap-Vert.) Traître ! si mes deux enfants étaient aussi aimables que cela, je te pardonnerais tout. Où sont-ils, où sont-ils, mes deux enfants ?

M. DU CAP-VERT.

Tes deux enfants ? Ma foi, c’est à toi à en savoir des nouvelles ; il y a vingt ans que je n’ai vu toute cette marmaille-là : Dieu les bénisse ! j’ai été cinq ou six fois aux antipodes depuis ; j’ai mouillé une fois à Bayonne pour en apprendre des nouvelles : je crois que tout cela est crevé. J’en suis fâché au fond, car je suis bonhomme.

MADAME DU CAP-VERT.

Traître ! et Mme Éberne, chez qui tu avais mis un de mes enfants ?

M. DU CAP-VERT.

C’était une fort honnête personne, et qui m’a toujours été d’un grand secours.

LE CHEVALIER.

Eh ! mon Dieu ! à qui en parlez-vous ? j’ai été élevé par cette Mme Éberne à Bayonne : je me souviens des soins quelle prit de mon enfance, et je ne les oublierai jamais.

LE COMTE.

Mais qu’est-ce que c’est que ça ? mais qu’est-ce que c’est que ça ? Je me souviens aussi fort bien de cette Mme Éberne.

M. DU CAP-VERT.

Et corbleu ! qu’est-ce que c’est que ça aussi ? Par la sambleu ! voilà qui serait drôle ! Vous êtes donc aussi de Bayonne, monsieur le fat ?

LE COMTE.

Point d’injures, s’il vous plaît : oui, la maison des Apprêts est aussi de Bayonne.

M. DU CAP-VERT.

Et comment avez-vous connu Mme Éberne ?

MADAME DU CAP-VERT.

Oui, comment ? répondez. Vous… vous… ouf !… mon cœur me dit…

LE COMTE.

C’était ma gouvernante, Mme Rafle, qui m’y menait souvent.

M. DU CAP-VERT, au comte.

Mme Rafle vous a élevé ?