Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/482

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462 ERII’HYLE.

Ait au jeune Alcméon laissé cet avantage. .

Ce fils d’un citoyen, ce superbe Alcméon,

Par ses nouveaux exploits semble égaler mon nom :

La reine le protège ; on l’aime : il peut me nuire ;

Et j’ignore aujourd’hui si je peux le détruire.

Sans lui, toute l’armée était en mon pouvoir.

Des chefs et des soldats je tentais le devoir.

.Je marchais au palais, je m’expliquais en maître ;

.le saisissais un bien que je perdrai peut-être.

ELî’HORBE.

Mais qui choisir que vous ? Cet empire aujourd’hui Demande votre bras pour lui servir d’a])pui. Ériphyle et le peuple ont besoin d’Hermogide ; Seul vous êtes du sang d’Inachus et d’Alcide ; Et pour donner le sceptre elle ne peut choisir Des tyrans étrangers, armés pour le ravir.

HERMOGIDE.

Elle me doit sa main : je l’ai bien méritée ;

A force d’attentats je l’ai trop achetée.

Sa foi m’était promise avant qu’Amphiaraus

Vînt ravir à mes vœux l’empire d’Inachus.

Ce rival odieux, indigne de lui plaire,

L’arrachant à ma foi, l’obtint des mains d’un père.

Mais il a peu joui de cet auguste rang ;

Mon bras désespéré se baigna dans son sang.

Elle le sait, l’ingrate, et du moins en son âme

Ses vœux favorisaient et mon crime et ma flamme.

,Ie poursuivis partout le sang de mon rival :

J’exterminai le fruit de son hymen fatal ;

J’en effaçai la trace. Un voile heureux et sombre

Couvrait tous ces forfaits du secret de son ombre.

i’^riphyle elle-même ignore le destin

De ce fils qu’à tes yeux j’immolai de ma main.

Son époux et son fils, privés de la lumière.

Du trône à mon courage entr’ouvraient la barrière.

Quand la main de nos dieux la ferma sons mes pas.

J’avais pour moi mon nom, la reine, les soldats.

Mais la voix de ces dieux, ou plutôt de nos prêtres.

M’a dépouillé vingt ans du rang de mes ancêtres.

Il fallut succomber aux superstitions

Qui sont bien plus (jue nous les rois des nations.

Ln oracle, un pontife, une voix fanatique,