Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/556

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AVERTISSEMENT
DES ÉDITIONS DE 1738 ET 1742[1].

Ceux qui aiment l’histoire littéraire seront bien aises de savoir comment cette pièce fut faite. Plusieurs dames avaient reproché à l’auteur qu’il n’y avait pas assez d’amour dans ses tragédies ; il leur répondit qu’il ne croyait pas que ce fût la véritable place de l’amour, mais que, puisqu’il leur fallait absolument des héros amoureux, il en ferait tout comme un autre. La pièce fut achevée en vingt-deux jours : elle eut un grand succès. On l’appelle à Paris tragédie chrétienne, et on l’a jouée fort souvent à la place de Polyeucte.

Zaïre a fourni depuis peu un événement singulier à Londres. Un gentilhomme anglais, nommé M. Bond, passionné pour les spectacles, avait fait traduire cette pièce ; et avant de la donner au théâtre public, il la fit jouer, dans la grande salle des bâtiments d’York, par ses amis. Il y représentait le rôle de Lusignan : il mourut sur le théâtre au moment de la reconnaissance. Les comédiens l’ont jouée depuis avec succès.


  1. Des deux alinéas qui composent cet Avertissement, le premier existait dès 1738 ; le second fut ajouté en 1742, et supprimé dès 1746.

    Le 4 décembre 1732 on joua sur le théâtre italien Arlequin au Parnasse, ou la Folie de Melpomène, comédie critique de la tragédie de Zaïre (par l’abbé Nadal), imprimée dans le tome Ier des Parodies du nouveau théâtre italien, où l’on trouve aussi les Enfants trouvés, ou le Sultan poli par l’amour, autre parodie, par Dominique, Romagnesi et Fr. Riccoboni, jouée sur le théâtre italien le 9 décembre 1732, imprimée plusieurs fois séparément. M. de Solcinne possède le manuscrit d’une Zaïre, parodie en un acte et en vers. Une quatrième parodie, en cinq actes et en vers, a été imprimée à la fin du dix-huitième siècle, sous le titre de Caquire, par M. de Vessaire. On l’attribue à un Lyonnais nommé Bécombes. J.-B. Rousseau fit insérer dans le Glaneur (n° 28 de 1733) une critique de Zaïre ; on y répondit dans le Mercure d’avril 1733, page 651. L’extrait d’une Lettre sur Zaïre fait partie du tome XVII de la Bibliothèque française, page 384. L’abbé Nadal, outre la parodie qu’il a faite, a écrit une Lettre à Mme la comtesse de F..., sur la tragédie de Zaïre : on la trouve dans ses Œuvres. Des Notes critiques sur Zaïre, par d’Açarq, sont imprimées aux pages 148-165 de ses Observations sur Boileau, etc., 1770, in-8°. Un émailleur mit, en 1756, Zaïre en figures d’émail : voyez l’Année littéraire, 1756, tome VIII, p. 45.

    C’est parmi les Épîtres que j’ai placé celle à Mlle Gaussin ; et dans la Correspondance (année 1732) que j’ai mis la Lettre de Voltaire à M. de Laroque ; pièces qui, jusqu’à ce jour, ont fait partie des préliminaires de Zaïre. (B.)