Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
ÉCLAIRCISSEMENTS

impossible de trouver une règle mathématique pour expliquer comment, avec un angle deux fois plus grand, vous voyez cependant un objet de la même dimension que celui qui vous paraît sous un angle deux fois plus petit ; donc il faut de nécessité recourir aux autres lois dont je parle.

sur un cas très-singulier de catoptrique.

3° Voici un cas très-singulier entre autres, où l’expérience dément une des plus grandes lois de la catoptrique ; elle mérite toute l’attention des philosophes.

Soit, par exemple, votre montre X réfléchie dans ce miroir concave ; par toutes les lois de l’optique, vous devez voir votre montre dans l’endroit où son rayon réfléchi se réunira avec une autre ligne nommée cathète, passant du point d’incidence au centre de la sphère du miroir concave. Mais ici ce cathète et ce rayon réfléchi peuvent se réunir à une distance infinie ; par exemple, soit votre œil en A : plus vous vous éloignez de ce point A, plus vous devez voir l’objet petit et éloigné, puisqu’il vient à vous par des rayons convergents ; vous devez le voir comme un point, s’il est possible qu’il soit vu.

Il y a plus : vous devez ne le point voir du tout, car c’est derrière vous qu’est le point visible, le point qui détermine la vision selon toutes les lois ; cependant vous le voyez de A, de B, de C, beaucoup plus gros à mesure que vous reculez un peu, jusqu’à ce que vous soyez enfin en un point où la confusion des rayons fait disparaître l’objet. Le P. Tacquet, accablé de cette espèce de prodige, dit qu’il est tenté d’abandonner toutes les règles de l’optique. Le P. Grimaldi n’y trouve aucune solution. Barrow n’ose tenter de l’expliquer. Molineux l’explique en vain. Newton n’en a jamais parlé, et peut-être sa profonde application