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ESSAI SUR LA NATURE DU FEU

de nous donner le sentiment de lumière et de chaleur n’est autre chose qu’une suite de la proportion établie entre ses mouvements et nos organes ; et il est très-vraisemblable que cette proportion est nécessaire pour nous causer ces sentiments : car l’Auteur de la nature ne fait rien en vain, et ces rapports admirables de la matière du feu avec nos organes seraient un ouvrage vain si, dans la constitution présente des choses, nous pouvions voir sans yeux et sans lumière, et être échauffés sans feu.



SECONDE PARTIE.

DE LA PROPAGATION DU FEU.

On tâchera, dans cette seconde partie, d’expliquer ses doutes en autant d’articles :

1° Sur la manière dont nous produisons du feu ;

2° Sur la manière dont le feu agit ;

3° Sur les proportions dans lesquelles le feu embrase un corps quelconque ;

4° Sur la manière et les proportions dont le feu se communique d’un corps à un autre ;

5° Sur ce qu’on nomme pabubulum ignis, et ce qui est nécessaire pour l’action du feu ;

6° Sur ce qui éteint le feu.

ARTICLE I
comment produisons-nous le feu ?

Les hommes ne peuvent réellement produire du feu, parce qu’ils ne peuvent rien produire du tout ; ils peuvent mêler les espèces des choses, mais non changer une espèce en une autre. On décèle, on manifeste le feu que la nature a mis dans les corps, on lui donne de nouveaux mouvements, mais on ne peut produire réellement une étincelle.

Nous ne pouvons développer ce feu élémentaire que par l’un des cinq moyens suivants :

1° En rendant les rayons du soleil convergents, et les assemblant en assez grand nombre ;