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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

On a vu que les Lettres philosophiques avaient attiré l’animadversion des inquisiteurs de la pensée, et qu’elles avaient été honorées d’un arrêt qui les condamnait à être brûlées. Dès lors, quoique les éditions de Voltaire se fissent à l’étranger, pour ne pas éveiller l’autorité, il fallait bien ne pas employer un titre proscrit par elle ; il était sage de déguiser cet ouvrage en l’entremêlant avec d’autres morceaux du même auteur. Tout éditeur qui aurait osé admettre dans sa collection, et sous leur titre, les Lettres philosophiques, eût vu interdire à son édition l’entrée de France, et, au besoin, exécuter l’arrêt du 10 juin 1734.


    velle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée, avec des figures en taille-douce, à Amsterdam, chez Étienne Ledet et compagnie, 1738-39, quatre volumes in-8o. Le quatrième porte seul la date de 1739, et l’on trouve, à la fin, des Mélanges de littérature et de philosophie, composés de vingt-sept articles ou chapitres.

    Le premier forme, depuis les éditions de Kehl, la troisième section de l’article Gloire du Dictionnaire philosophique:voyez tome XIX.

    Le second se trouve aussi dans le Dictionnaire philosophique, partie au mot Caton, partie au mot Suicide; voyez tomes XVIII et XX.

    Les chapitres III à XVIII sont, à peu de chose près, les seize premières Lettres philosophiques.

    La dix-septième lettre, avec des additions, forme les chapitres XIX et XX.

    Les chapitres XXI à XXIV se composent des dix-huitième et vingt-deuxième Lettres philosophiques.

    Le chapitre XXVI est la vingt-quatrième des Lettres.

    Le chapitre XXVII est intitulé Sur les Pensées de Pascal.

    Quoique dans la préface de cette édition des Œuvres de M. de Voltaire (1738-39), il soit dit : « On donne cette nouvelle édition, à laquelle l’auteur n’a eu d’autre part et d’autre intérêt que celui d’avoir beaucoup corrigé la Henriade, etc. ». il est permis de croire que c’est Voltaire qui l’a dirigée, autant qu’on peut diriger une édition quand on n’est pas dans la ville même où elle se fait. Cette préface est de l’abbé de Linant, à qui Voltaire portait tant d’intérêt, et à qui peut-être il en abandonna le produit. Voltaire du moins a concouru ou consenti à cette édition : le 6 juillet 1739, il écrivait à Helvétius : « Je comptais vous envoyer de Bruxelles une nouvelle édition de Hollande, etc. » Dans sa lettre à d’Argenson, du 21 mai 1740, à propos de ces quatre volumes imprimés à Amsterdam, et des fautes des éditeurs, il dit : « J’ai corrigé tout ce que j’ai pu, et il s’en faut de beaucoup que j’en aie corrigé assez. « En effet, il y a encore beaucoup de fautes dans cette édition. Voltaire, par sa lettre à M. de La Roque (mars 1742), en signala une singulière dans une phrase relative à Charles Ier. Une faute dont Voltaire ne parle pas, que je sache, et qui mérite d’être remarquée, c’est d’avoir donné au Mondain le titre de Défense du Mondain ; et à la Défense du Mondain, le titre du Mondain.

    Les libraires qui donnèrent les Œuvres de M. de Voltaire, nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée, avec des figures en taille-douce, Amsterdam, aux dépens de la compagnie, 1740, quatre volumes in-12, copièrent servilement, sans y rien ajouter, l’édition de 1738-39. Leur contrefaçon (je peux l’appeler ainsi) contient les mêmes fautes et les mêmes dispositions des matières. L’édition des Œuvres de Voltaire, 1742, cinq volumes in-12, présente des augmentations en plusieurs parties ; mais c’est dans les Mélanges que sont toujours fondues les Lettres philosophiques : il en est de même de l’édition de 1751, 11 volumes petit in-12, etc., etc.