Tous nos dieux, étonnés et cachés dans les cieux,
Ne pouvaient sauver notre empire :
Vénus, avec un sourire,
Nous a rendus victorieux ;
Mars a volé, guidé par elle,
Sur son char tout sanglant ;
La Victoire immortelle
Tirait son glaive étincelant
Contre tout un peuple infidèle ;
Et la nuit éternelle
Va dévorer leur chef interdit et tremblant.
C’est Vénus qui défend aux tempêtes
De gronder sur nos têtes.
Notre ennemi cruel
Entend encor nos fêtes,
Tremble de nos conquêtes,
Et tombe à son autel.
Eh bien ! qu’est devenu ce dieu si redoutable
Qui par tes mains devait nous foudroyer ?
Une femme a vaincu ce fantôme effroyable,
Et son bras languissant ne peut se déployer.
Il t’abandonne, il cède à ma puissance ;
Et, tandis qu’en ces lieux j’enchaîne les destins.
Son tonnerre, étouffé dans ses débiles mains,
Se repose dans le silence.
Grand Dieu ! j’ai soutenu cet horrible langage,
Quand il n’offensait qu’un mortel ;
On insulte ton nom, ton culte, ton autel,
Lève-toi, venge ton outrage.
Tes cris, tes cris, ne sont point entendus,
Malheureux, ton dieu n’est plus.
Tu peux encore armer cette main malheureuse ;
Accorde-moi du moins une mort glorieuse.
Non, tu dois sentir à longs traits
L’amertume de ton supplice.
- ↑ Samson, voyez tome II du Théâtre, page 37.