Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/479

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D'UN

FAIT SINGULIER

��CONCERNANT

��LA LITTÉRATURE'

��Comme le but principal de cet Essai sur l'Histoire est de suivre l'esprit humain dans ses progrès et dans les obstacles qu'il ren- contre, je dois, après avoir parlé de la disgrâce des jésuites, ne pas oublier une espèce de persécution qu'essuyèrent les gens de lettres. Ils commencent à mériter beaucoup plus dattention que ces ordres religieux dont nous avons rapporté les querelles. Le corps des gens de lettres est très-nombreux, et ses membres sont répandus dans tous les royaumes. Ceux qui se distinguent par leur science et par la supériorité de leur raison gouvernent insen- siblement les autres, sans presque s'en apercevoir, et sans jouir des prérogatives de cet empire acquis sur les esprits, prérogatives si chères aux autres sociétés établies dans TÉtat. Cette domination secrète, que les bons écrivains obtiennent, a toujours révolté ceux qui ont voulu en vain l'usurper.

Des hommes pleins de génie, et remplis d'une véritable science, qui ne peut subsister sans la véritable philosophie, entre- prirent, vers l'an 1752, le Dictionnaire immense des connais- sances humaines, connaissances dont quelques-uns d'entre eux ont encore reculé les bornes. L'Europe applaudit à l'entreprise, et l'encouragea ; ce travail même devint un objet important de commerce.

Plusieurs volumes avaient déjà paru à la satisfaction du pu- blic. Les articles surtout composés par ceux qui présidaient à

1. Tel est le titre de ce morceau dans l'impression de 1763, où il formait le chapitre lxi de la Suite de l'Essai sur l'Histoire, intitulée depuis Essai sur les Mœurs et VEsprit des nations. ( B.) — Voyez l'Avertissement de Beuchot en tête du tome XI.

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