ment du christianisme, et que le vrai christianisme est la loi naturelle perfectionnée.
Pardonne ; mais je n’aime ni le galimatias, ni les contradictions : tu avoues (page 111) que Dieu ne punira personne pour avoir ignoré invinciblement l’évangile. Heureux les pécheurs qui n’auraient lu que ta pastorale ! Ils ignoreraient l’évangile invinciblement, et seraient sauvés. Et tu prétends (page 117) qu’il faut un prodige pour qu’un homme qui n’est pas de ta religion ne soit pas damné. Hélas ! puisque chez toi on ne peut être sauvé sans baptême ; puisque les Pères de ton Église ont cru que les petits enfants morts sans baptême sont la proie des flammes éternelles ; puisqu’un enfant mort-né est vraisemblablement dans le cas d’une ignorance invincible, comment peux-tu te concilier avec toi-même ?
Tu passes de Boindin à Moïse. Que ton livre ferait de tort à la religion s’il était lu ! Tu pouvais aisément prouver la divine mission de Moïse, et tu ne l’as pas fait ; tu devais montrer pourquoi, dans le Décalogue, dans le Lévitique, dans le Deutéronome, qui sont la seule loi des Juifs, l’immortalité de l’âme, les peines et les récompenses après la mort, ne sont jamais énoncées. Tu devais faire sentir que Dieu, gouvernant son peuple immédiatement par lui-même, et le menant par des récompenses et des punitions soudaines et temporelles, n’avait pas besoin de lui révéler le dogme de la vie future, qu’il réservait pour la loi nouvelle.
Tu devais alléguer et étendre cette raison pour confondre ceux qui préfèrent aux dogmes des Juifs ceux des Indiens, des Persans, des Égyptiens, beaucoup plus anciens, et qui annonçaient une vie à venir. Quel service n’aurais-tu pas rendu en montrant que le Tartaroth des Égyptiens devint le Tartare et l’Adès des Grecs, et qu’enfin les Juifs eurent leur Sheol, mot équivoque à la vérité, qui signifie tantôt l’enfer, tantôt la fosse ; car la langue des Hébreux était stérile et pauvre, comme tous les idiomes barbares ; le même mot servait à plusieurs idées ?
Tu devais réfuter les théologiens et les savants qui ont prétendu que le Pentateuque ne fut écrit que sous le roi Osias ; que