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DE LA GAZETTE LITTÉRAIRE. 2i5

aurait eu des autels dans les temps héroïques, où les hommes en élevaient à leurs libérateurs. Charles VII rétablit depuis sa mé- moire, assez honorée par son supplice même. »

M. Hume, tout Anglais qu'il est, appelle cet arrêt infâme. Cette admirable héroïne, dit-il, à qui les anciens, par une superstition plus généreuse, auraient dressé des autels, fut condamnée aux flammes sous prétexte d'hérésie et de magie, et expia par ce ter- rible supplice les services qu'elle avait rendus à son prince et à sa patrie.

Quelques années après cette mort, qui couvrit les juges d'une honte éternelle, il parut en Lorraine une aventurière qui se dit la Pucelle d'Orléans, Elle faisait du moins à ces juges iniques l'honneur de faire croire qu'ils n'avaient pas consommé leur crime, et qu'ils avaient brûlé un fantôme. Cette prétendue Jeanne d'Arc persuada tous les Lorrains, et un seigneur des Armoises se fit honneur de l'épouser. C'est une anecdote que le judicieux auteur, de qui nous attendons des lumières, ne manquera pas d'approfondir. On voit qu'il y a du merveilleux dans l'histoire de la Pucelle d'Orléans jusqu'après sa mort même. Aucun événe- ment ne mérite plus de recherclies.

��XXII.

C. CORNELIUS TACITL'S A FALSO IMPIETATIS CRIMINE VINDICATUS, ETC.

G. Tacite justifié contre la fausse imputation d'impiété; discours pro- noncé dans un des collèges de l'université d'Oxford, par J. Kynaston. A Londres, chez Flexney, 1764.

(10 octobre 1764.)

Fabien Strada, historien jésuite très-connu, avait accusé Tacite d'impiété, et s'était fondé particulièrement sur ce passage : « Nec unquam atrocioribus populi romani cladibus magisque justis judiciis ' approbatum est non esse curœ diis securitatem nostram, esse ultionem. [Eistor. lib. I.) — Jamais les dieux n'ont fait voir par des fléaux plus terribles et des jugements plus sévères qu'ils avaient moins à cœur le salut du peuple romain que leur propre vengeance. » Un autre jésuite, que nous ne comparerons pas à

1. Ou indiciis, {Note de Voltaire.)

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