qu'on appelle un Testament vraiment politique ; qu'il avait donné à l'abbé de Bourzeis la commission de rédiger la Narration succincte ; qu'il avait fait quelques notes de sa main, comme il en fit au Jugement de l'Académie sur le Cid. Mais de ce qu'il écrivit deux ou trois notes sur cet ouvrage de l'Académie, s'ensuit-il qu'il en fût l'auteur ? Non sans doute ; un ministre qui avait à combattre la maison d'Autriche, les protestants, la moitié de la France, la cour, et le caractère de son maître, n'avait pas plus le temps de faire la critique raisonnée du Cid que de travailler lui-même à toutes les pièces des cinq auteurs dont il donnait quelquefois l'idée rapidement à Rotrou, à Scudéri, à Colletet, etc., et dont il se contentait de faire quelques vers.
Quand je fis l'Histoire de la guerre de 1744, à Versailles, chez M. le comte d'Argenson, ce ministre en margina quelques pages. S'est-on jamais avisé d'attribuer à M. d'Argenson cet ouvrage, dont on m'a volé plusieurs cahiers informes ridiculement imprimés [1] ?
Je présume que depuis 1638, et surtout depuis le 28 juillet 1641, le cardinal, qui écrivait très-peu, ne put jamais ni avoir assez de loisir, ni en abuser assez pour s'étendre dans un long ouvrage sur toute autre chose que sur les affaires de son maître, pendant que la guerre contre la maison d'Autriche mettait la France en alarmes, que Piccolomini battait les Français, que la province de Normandie était révoltée, que les révolutions du Portugal et de la Catalogne exigeaient toute l'attention du ministre ; pendant que le comte de Soissons, le duc de Guise, et le duc de Bouillon, ligués avec l'Espagne, faisaient la guerre civile ; pendant qu'ils gagnaient contre les troupes du roi, ou plutôt contre le cardinal, la bataille de la Marfée ; pendant que la conspiration de Cinq-Mars se tramait ; enfin, pendant que tous ces orages conduisaient le cardinal au tombeau.
Était-ce alors le temps de parler des vitres de la Sainte- Chapelle, et de recommander la chasteté à Louis XIII moribond ?
Et qui fait-on prêcher la chasteté si mal à propos ? Il faut le répéter encore, c'est l'amant public de Marion Delorme ; c'est celui de la Béjart, qui disait qu'elle ne regrettait que deux hommes dans le monde, le cardinal de Richelieu et Gros-René [2]. C'est celui qui jouit le premier de la fameuse Ninon, si j'en crois l'abbé de Châteauneuf, intime ami de cette personne si célèbre, à qui je