Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des marchands, des artisans, des bourgeois, occupés de vos intérêts privés et de votre gain. » Nous n’étions pas autre chose quand nous résistâmes à Philippe II et au duc de Savoie[1] ; nous avons acquis notre liberté par notre courage et au prix de notre sang, et nous la maintiendrons de même.

Qu’il cesse de nous appeler esclaves, nous ne le serons jamais. Il traite de tyrans les magistrats de notre république, dont les premiers sont élus par nous-mêmes. « On a toujours vu, dit-il[2], dans le conseil des deux-cents, peu de lumières, et encore moins de courage. » Il cherche par des mensonges accumulés à exciter les deux-cents contre le petit conseil ; les pasteurs contre ces deux corps, et enfin tous contre tous, pour nous exposer au mépris et à la risée de nos voisins. Veut-il nous animer en nous outrageant ? veut-il renverser notre constitution en la défigurant, comme il veut renverser le christianisme, dont il ose faire profession ? Il suffit d’avertir que la ville qu’il veut troubler le désavoue avec horreur. S’il a cru que nous tirerions l’épée pour le roman d’Émile, il peut mettre cette idée dans le nombre de ses ridicules et de ses folies. Mais il faut lui apprendre que si on châtie légèrement un romancier impie, on punit capitalement un vil séditieux[3].


FIN DU SENTIMENT DES CITOYENS.


  1. Voyez tome XII, page 482.
  2. Lettre 7e, 2e partie, page 59.
  3. Dans la réimpression faite par l’ordre de J.-J. Rousseau, mais non sous ses yeux, on avait ajouté ce qui suit :

    « Post-scriptum d’un ouvrage des citoyens de Genève, intitulé Réponse aux Lettres écrites de la campagne.

    « Il a paru, depuis quelques jours, une brochure de huit pages in-8o, sous le titre de Sentiment des citoyens ; personne ne s’y est trompé. Il serait au-dessous des citoyens de se justifier d’une pareille production. Conformément à l’article 3 du titre xi de l’édit, ils l’ont jeté au feu comme un infâme libelle. »


    Cette addition avait été mal disposée, et imprimée de manière à faire croire qu’elle faisait partie de l’ouvrage. (B.)