Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/375

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grain de moutarde[1] ; que jamais roi n’envoya des courriers à ses voisins pour leur dire[2] : « J’ai tué mes volailles, venez aux noces ; » que nul homme n’envoya un valet sur les grands chemins forcer les borgnes et les boiteux à venir souper chez lui[3] ; qu’on n’a jamais mis personne en prison[4] pour n’avoir pas eu sa robe nuptiale ; mais le sens de toutes ces paraboles est une instruction morale.

Me sera-t-il permis, à cette occasion, de réfuter l’opinion de ceux qui préfèrent les passages de Confucius, de Pythagore, de Zaleucus, de Solon, de Platon, de Cicéron, d’Épictète, aux discours de Jésus-Christ, qui leur paraissent trop populaires et trop bas ? Tous ces philosophes écrivaient pour des philosophes, mais Jésus-Christ n’écrivit jamais. Il n’est pas dit même qu’en qualité d’homme il ait daigné apprendre à écrire. Il parlait au peuple ; et à quel peuple ? à celui de Capharnaum et des bourgades de la Galilée. Il se conformait donc au langage du peuple. Il était roi, mais il ne se donnait pas pour roi. Il était Dieu, mais il ne s’annonçait pas pour Dieu. Il était pauvre, et il évangélisait les pauvres. Nos adversaires ne peuvent pas souffrir que les évangélistes fassent dire à Dieu que « le blé doit pourrir pour germer[5] ; qu’on ne met point de vin nouveau dans de vieilles futailles[6], etc. » Cela est non-seulement bas, disent-ils, mais cela est faux. Premièrement, les comparaisons prises des choses naturelles ne sont pas basses ; il n’est rien de petit ni de grand aux yeux du maître de la nature. Secondement, ce qui est faux en soi ne l’était pas dans l’opinion du peuple. On réplique que Dieu pouvait corriger ces préjugés au lieu de s’y asservir. Et nous répliquons, à notre tour, que Dieu vint enseigner la morale, et non la physique.


des miracles promis par jésus-christ.

Jésus-Christ promet, dans saint Luc[7], qu’il viendra dans les nuées avec une grande puissance et une grande majesté, avant que la génération présente soit passée. Dans saint Jean[8], il promet le même miracle. Saint Paul en conséquence dit aux Thes-

  1. Matthieu, xiii, 31 ; Marc, iv, 31 ; Luc, xiii, 19.
  2. Matthieu, xxii, 5.
  3. Luc, xiv, 21.
  4. Matthieu, xxii, 13.
  5. I. Corinth., xv, 36.
  6. Matthieu, {rom|ix|9}}, 17 ; Marc, ii, 22 ; Luc, v, 37, 38.
  7. Luc, xxi, 27.
  8. Ce n’est pas dans saint Jean, mais dans saint Matthieu, xxiv, 30, et xxvi, 64 ; saint Marc, xiii, 26, et xiv, 62.